Compte-rendu de la visite au Musée des Beaux Arts du 8 avril 2017

Le samedi 8 avril, à 11h, un groupe d’aveugles et mal-voyants a participé à une visite au musée des Beaux-Arts de Caen sur le thème des natures mortes. Cette visite nous a permis de découvrir une nouvelle oeuvre et d’en redécouvrir une qui nous avait déjà été présentée.

Notre conférencière, Claude LEBIGRE, nous a guidés devant une grande toile de 250 sur 150 centimètres intitulée « vase en bronze rempli de fleurs ». Elle a été peinte par Jean-Baptiste BLIN DE FONTENAY (1653 – 1715) ou par son beau-père Jean-Baptiste MONNOYER (1636 - 1699). Nous n’avons aucune certitude sur l’auteur de ce tableau mais il est raisonnable de penser que les deux artistes ont participé à la création de cette œuvre car cela se faisait couramment à cette époque. Ces deux peintres ont comme spécificité la décoration. Ils ont réalisé beaucoup de natures mortes, mettant en scène comme ici des fleurs et des ruines. Ils ont travaillé pour les Gobelins, pour Versailles et d’autres demeures bourgeoises.
Ici, nous nous trouvons devant une toile aux couleurs chatoyantes car il s’agit d’un superbe bouquet de fleurs très variées.

Claude nous décrit le tableau en partant du côté gauche en allant vers la droite. Nous apercevons un petit bout de paysage architectural. Il s’agit d’une couverture en pierre qui se présente en arc de cercle qui donne sur le ciel. Elle est partiellement cachée par un rideau en toile gris et mauve, comme une soie lourde, qui retombe de l’autre côté.
Au milieu du tableau, se trouve un grand entablement en pierre calcaire sculptée. Il semble qu’il s’agisse d’une partie de la colonne Trajan qui représente la victoire contre les Daces. Sur cet entablement est posé un énorme vase de bronze, aux pattes de griffons. Sur ce vase est sculptée une tête humaine avec des cornes de bouc et des guirlandes. Le vase est rempli d’une énorme quantité de fleurs somptueuses avec des couleurs magnifiques.
En partant de la gauche, nous trouvons des pieds d’alouettes ou campanules, fleurs très verticales. Il y en a une bleue et une blanche. A ce stade de la description Claude commence à nous distribuer de véritables fleurs pour nous donner une idée de celles qui se trouvent dans le vase. Puis elle poursuit la description de celles figurant dans le tableau. Nous avons un chardon orné de fleurs bleues, avec à son côté un pavot, puis une pivoine. Nous pouvons également admirer un grand nombre d’anémones et de roses, et la reine des fleurs de l’époque, la tulipe. Au milieu du vase se trouve une fleur qui vient de la mythologie selon laquelle : «Une jeune fille était amoureuse d’Apollon, dieu soleil. Elle était tant éprise qu’elle passait son temps à le suivre des yeux, parcourant le ciel sur son char. … Cette jeune fille a fini par prendre racine et ainsi est né le tournesol ». Celui du tableau, de même que l’œillet d’inde, ont l’air un peu fané car la couleur utilisée pour les peindres a viré dans la palette de l’artiste. Nous pouvons aussi remarquer deux fleurs tombant en cascade sur l’entablement sculpté : la boule de neige et des lianes de liseron.
Pour finir la description du bouquet, Claude nous signale la présence de soucis et de lilas placés complètement à droite du vase.

Claude attire notre attention sur les couleurs de ce luxuriant et improbable bouquet car il assemble des fleurs qui ne fleurissent pas à la même saison.

Puis elle poursuit la description du tableau en nous signalant la présence d’une colonne placée au premier plan, et celle d’un vase godroné en terre rouge complètement à droite. Contrairement au grand vase déjà décrit, celui-ci est vide. Les anses de ce vase représentent des dragons et il a une forme d’amphore un peu aplatie.

Notre conférencière nous fait également remarquer la présence de deux lézards au premier plan. Ces animaux donnent un aspect instantané, vivant à cette toile qui par ailleurs est très statique.

Ce tableau est typique de la fin du XVIIe début du XVIIIe siècle, car à cette époque, l’art pictural commence à s’intéresser à l’antiquité en représentant des ruines et des scènes de batailles antiques.

Nous nous sommes ensuite installés devant une autre nature morte que nous avions déjà eu l’occasion de découvrir en 2010. Il s’agissait d’une œuvre du peintre flamand Osias BEERT, intitulée « Nature morte aux raisins, grenades et abricots ». C’est un des premiers tableaux de l’histoire de la « nature morte indépendante ». C’est une œuvre des années 1600 - 1610 du peintre Osias BEERT (1580 - 1623).
Le peintre ne réalise pas son œuvre à partir de son idée mais directement à partir de ce qu’il voit. Cette toile est une invitation à un repas.

Les dimensions de la toile sont de 70 cm de long par 45 cm de haut. Nous pouvons la décrire en la séparant en deux parties horizontales.
La partie haute a un fond noir et les deux tiers inférieurs sont de couleur marron très clair pour représenter la surface de la table. Dans la partie gauche de celle-ci nous trouvons deux assiettes disposées l’une dans le coin supérieur, qui semble être en étain, et l’autre dans le coin inférieur qui serait plutôt en céramique avec un pourtour décoré d’une grisaille de fruits.
Dans la partie droite un plat se trouve au centre de la table, apparemment en étain gris foncé.
Dans l’assiette située en haut à gauche, se trouvent deux grenades et un citron. En-dessous, l’assiette en céramique est un peu plus grande et complètement remplie d’abricots et de quelques prunes. Certains abricots ont conservé leurs feuilles. On peut également voir la chair et le noyau de l’un d’eux.

Le plat de droite, lui, est rempli de grappes de raisin de couleur vert clair dans la lumière et un vert plus foncé dans la pénombre. Les grains de raisin ressemblent à de petites bulles de savon avec une petite touche blanche. Comme pour les abricots, certaines grappes ont encore leurs feuilles. Au milieu de ce plat ressort une grosse grappe de raisin rouge.

Pour finir la description, Claude décrit les objets qui entourent le plat de droite. Tout d’abord, au-dessus un magnifique verre et quelques grains de raisins tombés sur la table. Sur le bord inférieur droit se trouve un melon posé sur le côté. Devant lui un très beau couteau avec un manche ouvragé, en ébène et en nacre.
Enfin, juste au-dessous du couteau se trouve un petit pain rond coupé en deux dont la croûte rappelle la couleur de la surface de la table.
Et dans l’espace vide restant se trouvent deux abricots.

Jusqu’à l’apparition des natures mortes, les peintures avaient un message religieux. Cette symbolique peut toutefois se retrouver encore dans cette œuvre avec par exemple la grenade qui symbolise la concorde, et le raisin le sang versé.

Après avoir remercié notre conférencière pour nous avoir si bien ouvert l’appétit, il était temps pour nous de rentrer nous mettre à table.

Rédigé par Nicolas Fortin, le 25 avril 2017.

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