Visite descriptive au musée des Beaux-Arts de Caen du 11 décembre 2021

Le 11 décembre dernier, nous étions invités à découvrir le tableau intitulé « Damoclès » peint en 1866 par Thomas couture.

C’était le baptême du feu pour Lucie, médiatrice culturelle du musée, qui animait une visite descriptive pour la première fois.

Cette œuvre avait déjà été décrite lors d’une visite en janvier 2009.

Thomas Couture (1815-1879) est un peintre académique considéré aussi comme peintre d’histoire. Peintre académique il l’est assurément puisqu’il créa sa propre école pour concurrencer l’école des beaux-arts de Paris trop avant-gardiste selon lui.
La toile « Les romains de la décadence » (1847) fut sans nul doute son plus grand succès.

D’abord très en cour auprès de Napoléon III, il fut dédaigné par ce dernier les commandes n’étant pas réalisées assez vite ou même non achevées. Sans doute fut-il victime de la modernité à laquelle il refusait de s’adonner préférant rester dans un académisme rigoureux qui n’était déjà plus à la mode. On considère qu’il avait 20 ans de retard.

A partir de 1860 il ferme son école à Paris, se retire à Senlis où il continue à enseigner puis à Villiers-le-Bel où il s’isole de plus en plus. Il y mourra en 1879 et sera enterré au cimetière du Père Lachaise à Paris.

Le Damoclès (1866) s’inspire de la Grèce antique. Denis l’ancien, tyran de Syracuse, était jalousé par Damoclès qui trouvait sa position bien confortable. Denis l’ancien lui propose alors de prendre sa place pour une journée et de jouir ainsi des fastes de la cour. Sitôt dit, sitôt fait. Damoclès se retrouve assis sur une banquette jouissant de tout ce qu’un monarque peut espérer. Il en est fort heureux jusqu’au moment où, levant la tête, il s’aperçoit qu’une épée accrochée par un crin de cheval au plafond, est suspendue au-dessus de lui. C’est le symbole de la fragilité du pouvoir et du destin incertain du tyran.

On s’attend donc à voir un personnage assis au-dessous d’une épée. IL n’en est rien.

Le tableau de Thomas Couture, de grande taille (format portrait de 2 mètres sur 1 mètre 50) représente Damoclès assis enchaîné et entourés des symboles de la gloire et de la poésie.

Pour faire la description, Lucie s’appuie sur le thermogonflage réalisé en 2009. Le dessin en relief montre un rectangle délimitant les bords du tableau.
En partant du bas vers la gauche, on découvre de petites boules qui représentent des pièces d’or. Juste au-dessus et légèrement à gauche se trouve un sac d’où ruissellent ces pièces d’or, symbole de richesse. A gauche des pièces d’or, on voit une paire de ciseaux, symbole de la censure dont Thomas Couture estimait être la victime.

En bas à droite on trouve une petite banquette sur laquelle reposent les pieds de Damoclès.
Juste au-dessus de l’amoncellement de pièces d’or le début de la chaîne qui entoure Damoclès et monte jusqu’à sa main gauche. La chaîne disparaît puis on la retrouve à droite surmontée par un anneau fixé dans le mur.

Au-dessus de la tête de Damoclès, une couronne de lauriers symbolise la gloire. A droite de la chaîne et de l’anneau, une lyre représente la poésie et rappelle le mythe d’Orphée. Juste au-dessus de la lyre, on peut déchiffrer une citation latine : « Potior mihi periculosa libertas quam secura et aurea servitus ».

Damoclès est assis sur une banquette, la tête sur son bras dans une attitude songeuse et mélancolique. Le tableau est traité en clair-obscur le bras et le pied par exemple étant dans la lumière alors que le visage est plutôt dans l’ombre.

Cette œuvre peinte en 1866 sera exposée dans un salon en 1872, Thomas Couture sortant temporairement de son exil.
Après la mort de son auteur, elle sera vendue par l’un de ses donateurs aux enchères, achetée par un médecin de Caen, le Docteur Barbet. Celui-ci en fera don au musée de Caen en 1903.
Le tableau est accroché dans la salle du 19e siècle où étant donné sa taille, il est le premier que l’on voit en entrant.

Un grand merci à Lucie pour cette nouvelle version de la description du Damoclès. Baptême du feu réussi !

Rédigé par Jean Poitevin, le 04 janvier 2022.

***