Compte-rendu de la visite descriptive au musée des Beaux Arts de Caen du samedi premier juin 2013

Le samedi 1er juin 2013, le musée des Beaux Arts de Caen avait organisé une visite descriptive autour d'une des œuvres de l'exposition impressionniste « un été au bord de l'eau ». Le tableau choisi était « L'hôtel des Roches Noires » de Claude Monet.

C'est une nouvelle fois Pascale FISZLEWICZ qui, pour notre plus grand plaisir, nous a accueillis dans le hall du musée. Et compte tenu de la forte affluence durant cette exposition, elle nous a proposé de petits appareils permettant de l'entendre dans un casque sans qu'elle ait à hausser le ton et sans que nous ne soyons gênés par le brouhaha environnant. Elle nous a accompagnés à travers l'exposition temporaire des impressionnistes.
Puis nous nous sommes installés devant ce tableau de Claude Monet intitulé « l'Hôtel des Roches Noires ».

Peint en 1870, à la veille de la guerre de Prusse, il est d'une hauteur de 81 centimètres et d'une largeur de 58,5 centimètres. Il représente l'Hôtel des Roches Noires à Trouville, témoignant de la grande bourgeoisie du Second Empire.
En effet, Trouville sur Mer devient une station balnéaire grâce aux médecins Anglais qui, dès le dix-huitième siècle, prescrivaient les bains de mer pour soigner les rhumatismes et autres maux.

La toile peut se décomposer en trois parties triangulaires avec, à gauche, le bord de mer, au centre, la digue, et à droite toute la façade de l'hôtel. Le paysage est toutefois représenté en perspective, si bien que la digue va en s'étrécissant vers le haut du tableau.

A gauche, le long de la toile, est représenté un long mât blanc portant un immense drapeau fait de traits horizontaux rouges et blancs sur fond gris. Il occupe la moitié haute de la toile.
Un peu plus loin, donc en plus petit et sur une diagonale, sont peints deux autres drapeaux. Le deuxième est au couleur du drapeau français. Le troisième est davantage une tache aux couleurs bleues, rouges. On dirait que les trois drapeaux flottent d'un vent d'ouest.
Derrière le premier drapeau, on distingue une balustrade surplombée par trois lampadaires.

Sur la partie haute du tableau, au-dessus de la diagonale des drapeaux, le ciel est légèrement nuageux pour devenir plus brumeux en bas. Le dessin et la luminosité des nuages sont particulièrement remarquables.

En bas de la toile, sur la digue et au pied du premier drapeau, se trouve une femme élégante, vêtue d'une robe blanche, assise sur un transat. A ses côtés se tiennent trois personnages dont l'un salue les deux autres en soulevant son chapeau.
Au fond de la digue, on distingue une tour et devant celle-ci une tente blanche de réception. Deux femmes marchent sur la digue à l'ombre de l'hôtel. L'une porte un chapeau blanc.

Un massif de fleurs rouges borde l'hôtel. A côté se tient un homme debout, de dos. Il est coiffé d'un chapeau et tient une canne. Il regarde devant lui, les escaliers de l'hôtel en haut desquels figurent quatre personnages.

Le côté droit de la toile représente la façade du grand Hôtel des Roches Noires. Un escalier central permet de monter au premier niveau. A cet étage, il y a un grand balcon qui fait une avancée.

Le peintre a joué sur les contrastes, sur la luminosité. La plus grande partie de l'hôtel des roches noires est plongé dans une ombre grise. La bâtisse est faite de pierre aux couleurs chaudes, jaunes, bleu-gris, rosé. L'escalier est fait de grandes marches grises crème avec de grandes taches de turquoise qui font de lumineuses touches de couleur dans le tableau.

L'œuvre est d'ailleurs comme une succession de taches. Le massif de fleurs, par exemple, est fait de taches de différentes nuances de vert. Une grande tache ggris-vert découpe de manière très abrupte le sol, délimitée par une ligne oblique qui part du coin inférieur droit du tableau et vient jusqu'aux femmes debout, évoquées plus haut.

La terrasse de l'hôtel est éclairée par un rayon de lumière, ce qui lui donne une couleur difficile à décrire. On pourrait parler de gris avec de petites taches de blanc et de rouge. C'est d'une délicatesse magnifique.

Le petit triangle de mer sur la gauche est de couleur vert clair. On aperçoit dans le fond une languette de terre. Les nuages sont dans un grand ciel de couleur bleu roi, plus profond, plus intense vers la terre et d'un bleu plus pâle vers les drapeaux, vers la mer.

Claude Monet a peint ce qu'il voyait, mais comme s'il ne comprenait pas ce qu'il avait sous les yeux. De ce fait, on ne distingue pas nettement les choses. Les taches de couleurs peuvent représenter aussi bien des personnages que des massifs de fleurs. L'œuvre apparaît d'ailleurs de manière très différente à celui qui la regarde de près par rapport à celui qui l'observe avec un certain recul. C'est l'effet d'un « mélange optique », de tous les petits traits de peinture faits par l'artiste. Si bien que de près, le tableau semble réalisé par un mauvais peintre. Mais avec l'éloignement, la précision de l'œil s'estompe, seule restant la beauté de l'effet global avec la lumière sur l'Hôtel des Roches Noires.
Il s'agit là de l'une des bases de la peinture impressionniste.

De même, Monet a saisi le vent comme s'il avait arrêté le temps pendant quelques secondes. Et cela va être la grande recherche de l'impressionnisme et de Claude Monet : saisir l'instant, la lumière.
Auparavant, les peintres représentaient une réalité idéalisée. Les impressionnistes, eux, représentent la réalité telle qu'ils la perçoivent.

La saison qui vient de se terminer au musée des Beaux-Arts de Caen, nous a une fois de plus permis de profiter d'enrichissantes descriptions de peintures. Nous en profitons pour remercier les organisateurs de ces visites ainsi que notre conférencière Pascale FISZLEWICZ qui sait si bien faire vivre ces oeuvres aux personnes qui ne peuvent pas les ressentir par la vue.

Rédigé par Sylvie Montaubant et Emmanuelle Gousset, le 23 juin 2013.

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