Compte-rendu de la visite descriptive au musée des Beaux-Arts du 16 novembre 2019

Cette seconde visite de la saison a réuni une douzaine de participants autour de Lise, notre conférencière.

Pour parvenir jusqu'à La Tireuse de Cartes de Jean Metzinger, objet de la description, Lise nous entraîne dans la salle du fond, en rez-de-jardin.
Cette salle a été créée il y a 3 ans pour présenter des tableaux mais aussi, sous vitrines, des sculptures, des objets d'art. Sur la droite, tout au fond, une vitrine présente de nombreux objets d'art africain légués au musée par Yvonne Guégan, qui les tenait de son grand-père Louis Petit, ethnologue. C'est une salle destinée aux cubistes, mais en fait on est dans le post-cubisme, après Picasso et Braque.

Metzinger est né à Nantes en 1883, mort à Paris en 1956. Il a fait partie du groupe de la « section d'or » ou de Puteaux créé en 1911. A Puteaux vivaient les frères Duchamp. C'est autour d'eux que des artistes comme Delaunay, Kupka, Le Fauconnier se rassemblaient pour parler cubisme.
Picasso, Braque, alors au bateau lavoir, inspiraient ces jeunes artistes. On dit souvent que c'est Picasso et ses demoiselles d'Avignon qui ont fait démarrer le cubisme, puis Braque avec son grand nu. Mais ces deux peintres ne réfléchissaient pas à leurs œuvres.
C'est Jean Metzinger et Albert Gleizes qui vont écrire un traité du cubisme en 1912. Ils vont réfléchir à la géométrie dans la peinture et au nombre d'or. D'où leur nom de « section d'or ».
Le nombre d'or (1,618...) est le nombre de l'équilibre géométrique dans la nature.

La Tireuse de Cartes a été Peint entre 1915 et 1919. Il résume la fin de la carrière de Metzinger. Au début il travaillait comme les néo-impressionnistes avec de petits points. Puis il va peindre du fauve pour finalement se tourner vers le cubisme.
La Femme du tableau est en robe bustier bleu, bras et épaules nus. La robe de la femme est pleine de formes géométriques, de plissés, avec des couleurs bleu, gris, vert. La lumière vient du haut, et les ombres formées par les figures sur la robe montrent que la femme est assise.
Dans sa main gauche devant sa poitrine, elle tient trois cartes face cachée. Son bras droit est tendu vers le bas, vers la table qui est en bas à gauche du tableau. Sur cette table, il y a le tapis vert et cinq cartes. La main droite de la femme s'apprête à y poser une sixième carte.
La femme prend toute la hauteur du tableau. Sachant qu'elle est assise, cela lui donne une stature imposante.

Comme tout est imbriqué, il n'y a pas d'impression de profondeur. Ainsi, le plateau de la table semble vertical.
Derrière la femme, mais en apparence sur le même plan, il y a une table, ou plus vraisemblablement une cheminée. Dessus, on voit une tasse et une soucoupe tout à fait à gauche, puis une lampe, près du visage de la femme. Et à droite de son visage, un vase.

Le visage est à la fois de face et de profile. Le côté droit est plus clair, la face étant coupée en deux par une ligne verticale. Un trait symbolise le front l'autre le nez.
L'œil en grain de café, le visage fait de lignes droites et d'angles évoquent les masques africains.
Les lignes sont décalées et les formes un peu dysproportionnées.

Les cubistes vont éclater le synthétique (1912-1914), où les artistes ajoutent des collages. Le cubisme s'arrête avec la guerre, de nombreux artistes étant mobilisés.
Metzinger va se détacher de l'influence de Braque et Picasso pour un cubisme traditionnel et classique, avec des formes rationnelles, et une lumière marquée. Les formes ici sont aiguës, comme une mosaïque, mais les couleurs sont douces.

Les tableaux cubistes sont plus philosophiques que symboliques. C'est l'étude de l'espace et de la forme. Le sujet n'est pas l'objet de l'œuvre.

En conclusion de cette description Lise a évoqué les différents mouvements en peinture (pointillisme, divisionnisme, futurisme).

Ce fut une nouvelle découverte d’un mouvement particulier qui méritait bien la lumineuse explication de notre guide. Nous remercions Lise pour son travail d’adaptation tactile particulièrement délicat pour cette œuvre foisonnante de lignes.

Rédigé par Emmanuelle Gousset, le 4 janvier 2020.

***