Compte-rendu des huitièmes états généraux du handicap du 23 novembre 2016

Cette année, les états généraux du handicap de la ville de Caen, organisés par la mission ville handicap du centre communal d'action sociale, avaient pour thème « handicap et numérique ». C’est la raison pour laquelle ils se tenaient cette fois dans le grand hall du dôme qui héberge le FabLab et géré par l’association Relais d’sciences.

En parallèle des ateliers de fabrication, les participants ont pu, le matin, parcourir les stands du show-room à la découverte d’entreprises locales innovantes dans le domaine de l’accessibilité : CTexdev, Starnav, Kitlib, Audiospot, Hypra, GRISS, Asweshare) et des chercheurs de l'Université de Caen (laboratoires GREYC) et CRISCO.

A 13h30 nous avons été accueillis par un café et des viennoiseries servis par les personnels de l'ESAT de Saint-André-sur-Orne)

Puis Monsieur Gérard Hurelle, maire adjoint Chargé des solidarités, du lien intergénérationnel, de la santé et du handicap, a loué le numérique comme source d'innovations incroyables, synonyme de dynamisme et créativité, qualités d'autant plus intéressantes lorsqu'elles sont mises au service des autres, notamment du handicap. La ville de Caen, pionnière en matière de technologies sans contact, a constitué, au sein de la commission communale d’accessibilité aux personnes handicapées, un groupe de travail handicap et numérique. Ce groupe est composé de représentants d'associations de handicapés, de la mission ville et handicap du Centre Communal d’Action Sociale, de la mission innovation numérique du territoire et de l'association Relais d'sciences gestionnaire du dôme.
Il a présenté les intervenants de l'après-midi, précisant que le contenu de leurs interventions serait traduit en langue des signes française et sur grand écran.

Madame Houlais, directrice du CCAS, a alors invité Matthieu Debar, chargé de développement culturel et FabLab Manager, et François Millet, LivingLab Manager, à venir nous présenter les travaux de l’atelier numérique en cours dans le FabLab.
Monsieur Millet a expliqué que le but de ces ateliers était de répondre à deux questions : comment favoriser la création de nouveaux objets au service du handicap et comment encourager l'appropriation d'enjeux scientifiques et technologiques par les personnes handicapées elles-mêmes? Les travaux menés au sein du FabLab se font en plusieurs étapes: d'abord l'imagination d'un objet, puis la conception concrète, et enfin l'expérimentation avec ses destinataires.
Mathieu Debar a présenté le fonctionnement du FabLab : on y trouve des machines que l'on nourrit de fichiers informatiques, de modèles existants ou que l’on crée. Dans un FabLab on peut faire des choses uniques, comme le handicap, chaque handicap étant unique. La fabrication se décline en deux dimensions : on peut fabriquer des objets peu coûteux, et chacun doit faire soi-même. Et comme dans tout FabLab, les créateurs partagent ensuite leurs fichiers avec d'autres FabLab.
L'idée de ces ateliers était finalement de réunir chercheurs et utilisateurs pour les faire travailler ensemble.

Puis Madame Houlais a donné la parole à Caroline Costerousse, médiatrice à Saint-Lô Agglo, assurant la veille Handicap et Numérique pour le Réseau national de la médiation numérique.
Elle nous a présenté le Scoop’it de la médiation numérique normande : http://www.scoop.it/t/usenum-handicap

Les veilleurs collectent d'innombrables informations. Ils procèdent ensuite à un travail de vérification et de sélection. S'ils estiment l'information intéressante, ils la partagent sur la plateforme publique. Aujourd'hui, ils reçoivent énormément d'informations sur des programmes, mais aussi sur des formations, en particulier des moocs, et des informations sur de nouveaux matériels. Madame Costerousse nous a montré quelques exemples de lien vers différents articles. Parmi les sources d’informations, elle a cité notamment le site Numérama et Regard sur le Numérique (RSLN) :
http://www.numerama.com
https://rslnmag.fr/

C’est ensuite Abdel Ilah Mouaddib, professeur-chercheur et Fabrice Maurel, maître de conférences à l’université de Caen qui sont venus nous faire part de leurs études respectives au sein du laboratoire GREYC (Groupe de REcherche en Informatique, Image, Automatique et Instrumentation de Caen) en lien avec le handicap.
Abdel Ilah Mouaddib nous a présenté le robot multiservices qui avait déjà été présenté au centre commercial des Rives de l’Orne et au Centre International de Deauville. Il s’agit d’une plateforme mobile robotisée qui peut aborder une personne et lui proposer son aide: trouver son chemin par exemple. Le prototype, nommés Cadomus, est doté de plusieurs capteurs pour comprendre la personne qu'is assiste. Le robot peut escorter la personne. Cela demande un travail de vérification permanente par la machine pour s'assurer que la personne la suit toujours et que c'est toujours la bonne personne qui la suit.
Le robot peut aussi rappeler à une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer les choses qu'elle a à faire et qu'elle pourrait avoir oublié.

Fabrice Morel a, quant à lui, présenté les travaux d'une autre équipe du Greyc. L'idée générale est d'adapter les pages internet aux aveugles et malvoyants. Les pages internet sont conçues comme un paysage dans lequel l'œil accède rapidement aux informations qui l'intéressent. Cette lecture est naturellement exclue pour les déficients visuels. Le problème se pose également sur les écrans tactiles de savoir où diriger le doigt pour naviguer sur un site.
Fabrice Morel nous a présenté 2 projets liés à ces 2 problématiques. Le premier, tactile, transforme en vibrations le paysage visuel et les contrastes de couleurs. Le second, sonore, permet une approche globale d'une page. Dans chaque partie de la page, sont extraits quelques mots et l'ensemble de ces extraits produit un nuage de mots. Dans ce nuage, l'utilisateur entendra les mots qui l'intéressent.

Philippe Trotin, référent handicap de Microsoft France, nous a exposé les possibilités offertes par Microsoft en matière de handicap – Depuis 2007, Microsoft avait beaucoup investi en matière d'accessibilité numérique. Et plus particulièrement depuis 3 ans, l'accessibilité est au cœur des priorités de l’entreprise :
- la conception universelle (le produit doit être conçu déjà accessible),
- la transparence sur les outils, - et l'inclusion appliquée au sein de la société Microsoft.
Le sujet du handicap s'inscrit dans le programme « diversité et inclusion » chez Microsoft.
L’entreprise travaille sur 3 thématiques : l'intégration de fonctionnalités d'accessibilité des solutions, des technologies qui peuvent être utilisées dans des scénari d'accessibilité, et des contenus accessibles.

La dernière intervenante, Céline Martineau de l’Association Atomes Crochus/Traces, a démontré comment, dans les ateliers menés par sa structure, les personnes handicapées retrouvent le pouvoir d'agir par la co-création de leurs aides techniques (Projet Efabrik).

Les personnes qui assistaient à ces conférences ont alors été invitées à se rendre au deuxième étage pour découvrir les objets créés par les ateliers de fabrication et à échanger avec les participants à ces ateliers.

Je n’ai malheureusement pas pu assister à la fin de cette journée déjà bien remplie. Le numérique au service du handicap est un sujet très vaste qui mériterait plus d’une journée pour s’y pencher.

Rédigé par Emmanuelle Gousset, le 11 décembre 2016.

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