Sommaire de ce numéro

  1. Notre agenda.
  2. Le mot de la présidente.
  3. Rencontre au musée de Vire.
  4. Visite descriptive au musée des Beaux-Arts de Caen du 16 octobre 2021.
  5. Visite descriptive au musée des Beaux-Arts de Caen du 11 décembre 2021.
  6. Non-voyants : un nouveau type de feu sonore en test à Lyon.

Notre agenda

  • Jeudi 3 février à 19h : assemblée générale de Cécitix;
  • Vendredi 7 janvier : visite de la piscine de Caen dans le cadre de la CIAPH;
  • Samedi 15 janvier de 11h15 à 12h15 : visite descriptive au musée des Beaux-Arts de Caen avec pour thème une oeuvre de Louis CHÉRON, L’AMBITION DU DESSIN PARFAIT .

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Le mot de la présidente

Chers lecteurs,

Nous entamons une nouvelle année avec l’espoir d’un retour à nos activités normales, ou presque. Aussi aimerais-je vous présenter mes vœux les plus sincères pour 2022.

Après bientôt deux ans de silence, l’association Cécitix retrouve la parole au travers de sa lettre d’infos. Celle-ci nous demandant un gros travail de rédaction, nous avons convenu de l’alléger un peu, en fonction des actualités de l’association.

Vous y trouverez ainsi notre agenda pour les semaines à venir et les compte-rendu de nos activités passées.

Parmi nos projets marquants, on peut d’ores et déjà vous annoncer notre travail sur la mise en accessibilité de « La Fresque du Climat » pour les aveugles et malvoyants. Nous proposerons à ce titre une séance test à nos adhérents avant de valider la formule ou de la rectifier. Pour en savoir plus sur « La Fresque du Climat », vous pouvez consulter ce site :
La Fresque du Climat

Nous progressons également sur le projet « toucher les nuages », les premiers textes étant presque prêts. Nous cherchons encore des descripteurs, dessinateurs ou graphistes pour nous aider dans la représentation des différents nuages. Si vous avez des pistes, nous sommes preneurs.

Et de façon plus générale, si le cœur vous dit de nous rejoindre ou simplement de nous soutenir, la campagne d’adhésion est lancée sur HelloAsso :
Pour nous rejoindre

Je vous souhaite une bonne lecture.

La Présidente Emmanuelle Gousset

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Rencontre au musée de Vire

Il ne s’agissait pas ici d’une visite classique mais d’une rencontre avec une classe de seconde pour expérimenter le sens du toucher. Cette expérience est animée par un sculpteur, Dominique ONRAED, et plusieurs enseignants. Il y aura donc d’autres rencontres.

Nous étions quatre membres de cécitix ce 9 décembre venus à la rencontre d'une classe de seconde du lycée Marie Curie de Vire.

Avant que les lycéennes nous rejoignent, nous avons pu découvrir, guidés par Sébastien, médiateur culturel, la maquette en volume de l'Hôtel Dieu qui abrite le Musée et en apprendre un peu sur son histoire.

Le musée est installé dans l'ancien Hôtel Dieu situé sur la rive gauche de la Vire, place Sainte-Anne. Il en occupe le logis et la chapelle.

Créé en 1956, le musée rouvre ses portes en 2021 après trois ans de rénovation. Une attention particulière a été portée sur l’accessibilité aux aveugles et mal voyants.

Après que les lycéennes ont pris connaissance de la maquette, nous avons formé des binômes aveugles/lycéennes ou lycéenne/lycéenne (l’une d’entre elles acceptant de fermé les yeux). Et toujours sous la direction de notre guide Sébastien, nous avons déambulé dans le musée à la découverte des éléments tactiles mis à la disposition des handicapés visuels.

Nous avons d’abord touché différents matériaux utilisés dans le musée (bois, granit, aluminium etc.), ainsi que des éléments archéologiques (pierres taillées et pierres polies).

Puis nous nous sommes rendus, guidés par nos lycéennes, dans la chapelle en forme de L, de façon à protéger les sœurs du public.

Nous y avons découvert un plan en volume de la ville avec notamment la porte horloge, l’église Notre Dame et le donjon du château.

Nous avons aussi pu toucher différents matériaux liés à la reconstruction et aux styles de maisons viroises : ardoise, béton fibré, béton lavé, verre soufflé etc. Il y a aussi dans la chapelle des mobiliers divers liés à l’habitat domestique ou à l’habitat professionnel (bureau métallique, table d’architecte en bois avec piétement métallique, siège en bois tendu de toile etc.).

Toujours dans la chapelle, des planches montrent différents styles de bâtiments allant du moyen-âge jusqu’à la reconstruction après-guerre.

Nous sommes ensuite montés au premier étage. Certains sont allés découvrir la représentation tactile d’un tableau. Les autres sont allés dans la salle botanique ou trônent quelques bustes dont celui de Chênedollé, botaniste normand revenu à Vire après que sa demande de mariage avec la fille de Chateaubriand ait été refusée. D’autres bustes non accessibles comme celui de Pierre François Turpin, autre botaniste, sculpté par David Danger sont exposés. Sont également à toucher des éléments représentant des feuilles et des fruits.

En consultant le site du musée on découvre que bien d’autres œuvres sont à voir. Notamment une collection d’œuvres du peintre et poète Charles Léandre au deuxième étage.

Cette rencontre a duré une heure et demi environ.
Lorsque nos lycéennes auront échangé avec Dominique et leurs enseignants, d’autres rencontres sont envisagées en 2022. Il y aura donc une suite.

Nous adressons un grand remerciement au maître de cérémonie, Sébastien, et à tous les accompagnants adultes, et un plus grand remerciement encore aux lycéennes qui se sont prêtées au jeu du guidage.

Rédigé par Jean Poitevin

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Visite descriptive au musée des Beaux-Arts de Caen du 16 octobre 2021

Cette première visite descriptive de la saison, menée par Adrien, avait pour objet l'exposition "L'école du regard : Caravage et les peintres caravagesques".

L'exposition a été conçue autour de la collection de Roberto Longhi. Au 19e siècle, on avait presque oublié Le Caravage, souvent considéré comme le dernier des maniéristes. Pour Longhi, historien d'art, c'est plutôt le premier des modernes. Il va alors collectionner dès ses 21 ans des œuvres d'art d'inspiration caravagesque.

L'exposition est présentée en 3 temps :

  1. Les inspirations du Caravage, et notamment les artistes maniéristes ;
  2. Le Caravage ;
  3. L'influence du Caravage.

Parmi les inspirations du Caravage, Adrien nous décrit « Les volaillères » de Passarotti (1580). C’est un tableau de 1m20 de long sur 1m de haut. Il représente deux personnages dans une scène de marché. On y voit beaucoup de volatiles.
En suivant le bord inférieur du tableau, au milieu, on découvre un panier en osier plein de poules et de coqs. Un des coqs est sur une des poules.
En remontant le bord gauche, on découvre une table où sont étendues des volailles sur le dos : des canards, des bécasses.
Dans le coin en haut à gauche, d'autres volailles sont suspendues par les pattes.
On note le goût particulier de l'artiste pour la réalisation des plumes.

Dans la moitié supérieure du tableau, on découvre une vendeuse, assise derrière l'étal. Elle tient dans sa main un coq qu'elle regarde en face.
Sur la droite, une seconde volaillère est assise de trois quarts, la jambe relevée pour soutenir la dinde qu'elle est en train de plumer. Elle est assise sur l'étal. Sa chaussure arrive au-dessus du panier en osier. C'est sa jambe droite qui revient vers l'avant.
A droite derrière la seconde volaillère, on trouve une cruche avec un verre de vin posé dessus. Sur le verre, un moineau. En italien le moineau se dit Passarotti, et l'artiste s'appelle passarotti.
Le verre pénètre dans la cruche, et le petit oiseau peut aussi symboliser le sexe masculin.

La vendeuse de gauche regarde le coq, les yeux dans les yeux. On retrouve le rouge de la crête du coq dans la robe de la femme.
La vendeuse de droite a commencé à plumer une dinde. Plus jeune, environ 18 ans, elle est vêtue de bleu vert, assez décolleté. Elle a la jambe croisée, ce qui est considéré comme vulgaire pour l'époque. Et comble de la vulgarité, elle montre le dessous de sa chaussure.

Le peintre utilise la même couleur pour la carnation de la vendeuse et de la dinde, de la robe et du coq.

La scène est aussi une scène de prostitution. La volaillère se vend, puisqu'elle est sur l'étal. Sa vulgarité dénote ce métier. Et La vendeuse qui regarde le coq, est la maquerelle. Le coq symbolise le libidineux.

La robe de la maquerelle est rouge foncé, tandis que le vêtement de la jeune fille est beaucoup plus lumineux. Le reste de la composition est dans des teintes ocre, marron.

Bartolomeo Passarotti vit à Bologne et s'intéresse à Denis Calvaert. Or Calvaert peint des scènes de vie quotidienne, souvent grotesques, typiques des pays bas (pays de Calvaert).

Passarotti a fait 4 volets : les volailles pour l'air, les poissons pour l'eau, les légumes pour la terre et la rôtisserie pour le feu.

Caravage a sûrement connu les œuvres de Passarotti puisqu'ils avaient le même mécène.

Ce qui dénote le maniérisme, c'est la perspective. Celle-ci n'est pas clairement définie. En outre, on voit des jeux autour de la serpentine, des formes de S qui apparaissent dans le tableau. Passarotti a un naturalisme qu'il va piocher chez Calvaert, mêlé à du maniérisme par la caricature.
Ici, contrairement au Caravage, les jeux de lumière ne sont pas encore définis.
On voit apparaître le travail de naturalisme, ainsi que le travail autour des gens du peuple.

A la fin de la renaissance, on disait que les artistes peignaient à la manière de... soit de Raphaël, soit de Michel-Ange. Mais en fait ce n'est pas du tout le cas. Les artistes vont essayer de nouvelles techniques, comme la peinture à l'huile.
A Florence on peignait à la tempera, peinture à base d'œuf. Mais on ne pouvait pas superposer plusieurs couches. En outre cette peinture avait tendance à pourrir à Venise avec l'humidité. C'est ainsi que s'est développée la peinture à l'huile.

Adrien nous présente ensuite le Saint Thomas de Jusepe (ou José) de Ribera. Pour que nous puissions nous en faire une idée, il a composé une représentation tactile avec des papiers de textures différentes.

L’œuvre représente Saint Thomas debout de profile qui tient une lance. Autour de lui un vêtement tout en drapé, et sous ce drapé une chemise.
Les rayons lumineux partent d'en haut à gauche, en descendant vers la droite.

Le personnage est de profile, contre un mur. Il est très statique, regardant droit devant lui. Mais le drapé de son vêtement donne une impression de mouvement.
Le fonds du tableau est gris, clair en haut, et plus foncé en descendant.
Il semble que la lumière qui éclaire le saint arrive en douceur, de biais.
Par ailleurs, une autre lumière éclaire son visage de manière plus vive.

C'est un jeune garçon, qui n'a rien de saint. Il n'est pas idéalisé, réalisé à l'échelle une.
C'est une peinture très moderne, avec un fond sobre, une lumière très forte, et un Saint qui semble marcher vers son calvaire, armé de sa lance.

De Ribera (1591 – 1652) est un artiste espagnole qui décide de partir faire carrière à Rome. Il a environ 20 ans quand il réalise ce tableau. Il a demandé à ce qu'on fasse un trou dans son atelier pour que la lumière arrive directement.

Ribera a réalisé un apostolat, c'est-à-dire 12 toiles, commandées par le représentant du commerce espagnol en Italie. Trois des 12 toiles sont présentées au Musée des Beaux-Arts : Saint Philippe, Saint Thomas et Saint Barthélémy.
En 1612, lorsque ce tableau a été réalisé, Le Caravage a déjà laissé la trace de son passage.

Cependant, ce tableau est une forme de clair-obscur mais qui n'est pas le même que Caravage. Ici, Ribera a pris une certaine liberté avec 2 sources lumineuses. Alors que le Caravage veille à être cohérent dans la source lumineuse.

Ribera s'intéresse aux visages et aux drapés. Il est ensuite parti à Naples où il s’est attelé à représenter l'aspect populaire de ses personnages.

Au travers de cette exposition, nous avons pu découvrir les influences du Caravage sur la peinture moderne.

Rédigé par Emmanuelle Gousset

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Visite descriptive au musée des Beaux-Arts de Caen du 11 décembre 2021

Le 11 décembre dernier, nous étions invités à découvrir le tableau intitulé « Damoclès » peint en 1866 par Thomas couture.

C’était le baptême du feu pour Lucie, médiatrice culturelle du musée, qui animait une visite descriptive pour la première fois.

Cette œuvre avait déjà été décrite lors d’une visite en janvier 2009.

Thomas Couture (1815-1879) est un peintre académique considéré aussi comme peintre d’histoire. Peintre académique il l’est assurément puisqu’il créa sa propre école pour concurrencer l’école des beaux-arts de Paris trop avant-gardiste selon lui.
La toile « Les romains de la décadence » (1847) fut sans nul doute son plus grand succès.

D’abord très en cour auprès de Napoléon III, il fut dédaigné par ce dernier les commandes n’étant pas réalisées assez vite ou même non achevées. Sans doute fut-il victime de la modernité à laquelle il refusait de s’adonner préférant rester dans un académisme rigoureux qui n’était déjà plus à la mode. On considère qu’il avait 20 ans de retard.

A partir de 1860 il ferme son école à Paris, se retire à Senlis où il continue à enseigner puis à Villiers-le-Bel où il s’isole de plus en plus. Il y mourra en 1879 et sera enterré au cimetière du Père Lachaise à Paris.

Le Damoclès (1866) s’inspire de la Grèce antique. Denis l’ancien, tyran de Syracuse, était jalousé par Damoclès qui trouvait sa position bien confortable. Denis l’ancien lui propose alors de prendre sa place pour une journée et de jouir ainsi des fastes de la cour. Sitôt dit, sitôt fait. Damoclès se retrouve assis sur une banquette jouissant de tout ce qu’un monarque peut espérer. Il en est fort heureux jusqu’au moment où, levant la tête, il s’aperçoit qu’une épée accrochée par un crin de cheval au plafond, est suspendue au-dessus de lui. C’est le symbole de la fragilité du pouvoir et du destin incertain du tyran.

On s’attend donc à voir un personnage assis au-dessous d’une épée. IL n’en est rien.

Le tableau de Thomas Couture, de grande taille (format portrait de 2 mètres sur 1 mètre 50) représente Damoclès assis enchaîné et entourés des symboles de la gloire et de la poésie.

Pour faire la description, Lucie s’appuie sur le thermogonflage réalisé en 2009. Le dessin en relief montre un rectangle délimitant les bords du tableau.
En partant du bas vers la gauche, on découvre de petites boules qui représentent des pièces d’or. Juste au-dessus et légèrement à gauche se trouve un sac d’où ruissellent ces pièces d’or, symbole de richesse. A gauche des pièces d’or, on voit une paire de ciseaux, symbole de la censure dont Thomas Couture estimait être la victime.

En bas à droite on trouve une petite banquette sur laquelle reposent les pieds de Damoclès.
Juste au-dessus de l’amoncellement de pièces d’or le début de la chaîne qui entoure Damoclès et monte jusqu’à sa main gauche. La chaîne disparaît puis on la retrouve à droite surmontée par un anneau fixé dans le mur.

Au-dessus de la tête de Damoclès, une couronne de lauriers symbolise la gloire. A droite de la chaîne et de l’anneau, une lyre représente la poésie et rappelle le mythe d’Orphée. Juste au-dessus de la lyre, on peut déchiffrer une citation latine : « Potior mihi periculosa libertas quam secura et aurea servitus ».

Damoclès est assis sur une banquette, la tête sur son bras dans une attitude songeuse et mélancolique. Le tableau est traité en clair-obscur le bras et le pied par exemple étant dans la lumière alors que le visage est plutôt dans l’ombre.

Cette œuvre peinte en 1866 sera exposée dans un salon en 1872, Thomas Couture sortant temporairement de son exil.
Après la mort de son auteur, elle sera vendue par l’un de ses donateurs aux enchères, achetée par un médecin de Caen, le Docteur Barbet. Celui-ci en fera don au musée de Caen en 1903.
Le tableau est accroché dans la salle du 19e siècle où étant donné sa taille, il est le premier que l’on voit en entrant.

Un grand merci à Lucie pour cette nouvelle version de la description du Damoclès. Baptême du feu réussi !

Rédigé par Jean poitevin

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Non-voyants : un nouveau type de feu sonore en test à Lyon

Un article de « Tribune de Lyon » - DAVID GOSSART - 17 DÉCEMBRE 2021, 06H37

Un article de « Tribune de Lyon

Un nouveau dispositif pour faciliter les traversées de passages piétons est en train d’être testé à Grange-Blanche par la société lyonnaise Okeena.
La société Okeenea de Champagne au mont d’Or, spécialisée dans l’innovation dédiée à faciliter l’accessibilité notamment aux non-voyants, teste depuis quelques jours à Grange-Blanche un nouveau dispositif pour aider à traverser les carrefours compliqués : un feu sonore activable par smartphone comme il en existe déjà, mais celui-ci permet d’être plus sélectif encore, comme l’explique Pierre-Marie Micheli, de l’association Point de Vue sur la Ville, qui l’a essayé cette semaine. « Pour nous, traverser un carrefour complexe, c’est compliqué. Lyon est une des grandes villes de France les mieux équipées avec 97% de feux sonores, mais sur un carrefour complexe, quand on les active avec notre appli, ça fait tout sonner! On ne sait pas toujours si c’est notre passage piéton qui sonne ou celui d’à côté ».

Une balise sonore plus précise
D’où des problèmes pour s’orienter, et une hésitation à utiliser l’appli le soir de peur de déranger tout le quartier… Par l’appli Mymoveo, le piéton peut sur ce nouveau feu choisir la trajectoire qu’il souhaite activer. « La balise sonore nous permet de localiser le bon passage piéton, cela nous donne une liche de cheminement plus claire. En plus, on peut activer le système par la synthèse vocale par le casque sans sortir le téléphone, et moduler le volume pour faire sonner moins fort ».

Cette première française devrait rester en test encore quelque temps du côté de Grange Blanche.

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