Sommaire de ce numéro

  1. Notre agenda du mois de février 2016.
  2. Le mot de la présidente.
  3. Plage Bar Zoom n° 27 avec le CREPAN.
  4. Exposition tactile à la bibliothèque.
  5. Théâtre en audiodescription à Hérouville Saint Clair.
  6. Visite adaptées du théâtre de Caen.
  7. Pièce de théâtre en audiodescription.
  8. Compte-rendu de l’exposition « dans les pas de néandertal » au musée de Normandie.
  9. Compte-rendu de la visite descriptive au musée des Beaux-Arts de Caen du 12 décembre 2015.
  10. Nouveau guide accessibilité de la ville de Caen.
  11. Une pétition pour un Web plus accessible.
  12. Scandaleuse marche arrière pour les maîtres de chiens-guides.
  13. Au Louvre, des visites sensibles ouvertes aux aveugles et malvoyants.

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Notre agenda du mois de février 2016

  • Samedi 6 février : assemblée générale de Cécitix.
  • Jeudi 25 février : pièce en audiodescription au théâtre d’Hérouville Saint Clair.
  • Samedi 27 février : 11 H visite descriptive au musée des Beaux-Arts de Caen.
  • Dimanche 28 février : pièce en audiodescription au théâtre de Caen.
  • Lundi 29 février : réunion toucher les nuages.

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Le mot de la présidente

Chers lecteurs

Ayant procédé à un rafraîchissement de notre carnet d’adresse, il se peut que votre mail ait été réintroduit dans notre liste de destinataire mais que vous ne souhaitiez pas recevoir cette lettre. Auquel cas je vous prie de bien vouloir nous en excuser et vous invite à cliquer sur le lien de désabonnement. Dans le cas contraire, j’espère que vous apprécierez ce nouveau numéro.

L’assemblée générale de Cécitix s’est tenue ce samedi 6 février et l’heure des adhésions est revenue. Si vous souhaitez soutenir notre action, et pourquoi pas y participer, vous trouverez ci-dessous le lien vers le formulaire d’adhésion. Aveugles, malvoyants ou bien voyants, chacun y est le bienvenu.
Formulaire d'adhésion.

Et comme chaque année paire, notre association organisera pour ses adhérents déficients visuels une visite au salon Autonomic à Paris pour découvrir les nouveautés en matière d’aide à l’autonomie des personnes handicapées. Nous tenons à ce que chacun soit accompagné d’une personne voyante. Nous sommes donc à la recherche de bénévoles qui accepteraient de nous accompagner le jeudi 9 juin pour une journée plutôt fatigante, mais tellement enrichissante !
Plus d’infos sur ce salon :
http://www.autonomic-expo.com/autonomic_paris/paris/fr/3-le_salon.html

Je vous souhaite une bonne lecture de ce premier numéro 2016 de notre lettre d’informations. Si vous avez des actualités à partager, n’hésitez pas à nous les communiquer. Nous les examinerons et pourrons peut-être les intégrer à cette lettre.

La présidente
Emmanuelle GOUSSET

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Plage Bar Zoom n° 27 avec le CREPAN

Le prochain Plage Bar Zoom du CREPAN aura lieu le samedi 5 mars 2016 à Luc sur Mer.

Rendez-vous à 14h30 à l’Office du tourisme, place du Petit Enfer.

La partie Zoom est consacré à la laisse de mer devant les confessionnaux et à la classification du vivant (suite d'un précédent PBZ).

Informations
:Annick NOËL,
annicknoel (chez) wanadoo.fr ou 02 31 84 11 18

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Exposition tactile à la bibliothèque

en partenariat avec le musée d’Orsay, la bibliothèque de Caen la Mer accueille, du 19 janvier au 10 février, une exposition tactile consacrée au tableau de Gustave Courbet, l’atelier du peintre.
Peint en 1855, ce tableau de 6 mètres de long sur 3 mètres est emblématique du mouvement Réaliste. La scène se déroule dans l’atelier de Courbet. Au centre, l’artiste s’est représenté en train de peindre un paysage. Une vingtaine de personnages l’entoure. À sa gauche, ceux que le peintre disait « vivre de la mort » (un banquier, un croque-mort, un chasseur…). À sa droite, les figures de ses amis et amateurs du monde de l’art, dont le poète Baudelaire et le philosophe Proudhon.

En complément d’une reproduction grand format et pour permettre aux déficients visuels de bien rentrer dans l’œuvre, le musée d’Orsay a conçu 2 dispositifs tactiles. Le premier est une reproduction en relief du tableau qui, pour une meilleure lisibilité, ne reprend pas tous les détails de l’œuvre. Le second donne à ressentir la réalité matérielle du tableau. Sur quatre petits châssis, que l’on peut tourner comme les pages d’un livre, ont été tendues des toiles dont les différents traitements permettent d’identifier les strates d’une couche picturale.
Les deux installations sont accompagnées d’un commentaire sonore.

Cette exposition est visible du bout des doigts aux heures d’ouverture de la bibliothèque, dans le hall.

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Théâtre en audiodescription à Hérouville Saint Clair

La Comédie de Caen propose une nouvelle pièce en audiodescription : jeudi 25 février à 20h00, au Théâtre d’Hérouville, Le Retour au désert de Bernard-Marie Koltes, mise en scène de Arnaud Meunier.

Le texte mêle la comédie et le drame, l’intime et la grande histoire, le réalisme et le fantastique. Selon le metteur en scène Arnaud Meunier, « C’est une œuvre sidérante avec ses vérités et ses rires étranglés, elle nous parle des rapports après entre la France et l’Algérie, du racisme, de la perte d’identité, de la mesquinerie d’une certaine bourgeoisie de province… »

Arnaud Meunier a pensé à la montée de l’extrême droite et met en scène ce vrai-faux vaudeville qui voit s’affronter un frère et une sœur dans une ville de l’Est de la France. Mathilde rentre d’Algérie en guerre, avec sa fille Fatima et son fils Edouard, pour récupérer sa maison où vit son frère Adrien, directeur d’usine, flanqué d’une femme alcoolique et d’un fils idiot, sous l’œil blasé des domestiques, madame Queuleu et Aziz s’instaure un pugilat permanent. Mathilde veut régler ses comptes avec Adrien et ses amis notables, qui préparent en secret un attentat contre un café arabe. L’apparition d’un fantôme (la 1ère femme d’Adrien) et l’intrusion d’un parachutiste dans le jardin ajoutent à l’hystérie ambiante.

Tel un funambule, Arnaud Meunier voltige sur le fil de la comédie noire. Il fait un sort au réalisme, dans un beau décor onirique d’une maison mangée par son jardin.

La haine, noyée dans l’humour noir, apparaît presque joyeuse. Le peu d’amour suggéré par les mots pudiques de Koltes est mis en relief. On entend tout ces magnifiques monologues, où les personnages disent leur perte de repères, leur désir de s’échapper…

Madame Fourez accueillera les spectateurs déficients visuels le 25 février 1h avant le début de la représentation afin de faire découvrir le décor et peut-être aussi rencontrer le metteur en scène et ou quelques comédiens s’ils sont disponibles à ce moment là.

La durée du spectacle est de 2h00

Tarifs 12€ et 21 € pour les accompagnateurs.

Réservations auprès de Madame Fourez :
helene.fourez (chez) comediecaen.fr

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Visite adaptées du théâtre de Caen

Grâce à la réussite du projet ELAN’s « Voir autrement le théâtre », mené en partenariat avec l'ACSEA (formation), les visites du théâtre de Caen sont à présent adaptées aux publics déficients visuels.

Les personnes intéressées peuvent désormais s’inscrire sur une visite thématique :

  • " visite costumes » (atelier tactile)
  • « visite métiers » (rencontre avec des professionnels permanents du théâtre)
  • « visite coulisses » (découverte des loges, de la salle de répétition…)

Un socle commun à ces trois thématiques permettra aux participants de découvrir l’histoire du théâtre, la salle de spectacle, les foyers et la cage de scène.

Pour tout renseignement ou inscription, contacter Soraya Brière, Médiatrice culturelle, par mail, en précisant vos disponibilités et le nombre de participants. Les visites sont limitées à cinq personnes déficientes visuelles (un accompagnateur par personne).

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Pièce de théâtre en audiodescription

Le dimanche 28 février, à 17H, la pièce « La Colère du Tigre », avec Claude Brasseur, sera proposée en audiodescription. durée : 1h45 sans entracte.

Les personnes déficientes visuelles seront accueillies à 16h30 par les hôtesses du théâtre et se verront remettre un casque adapté.

Si vous êtes intéressés, contactez la billetterie du théâtre :
billetterie (chez) theatre.caen.fr
Tél. : 02 31 30 48 00

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Compte-rendu de l’exposition « dans les pas de néandertal » au musée de Normandie

Le samedi 21 novembre 2015 à 11h a eu lieu une visite de l’exposition « dans les pas de néandertal organisée pour les déficients visuels par le musée de Normandie. Plusieurs membres de notre association ont participé à cette visite dont voici un petit compte-rendu.

Nous avons commencé par toucher des maquettes murales grandeur nature représentant l’évolution de l’humanité à partir des premiers hommes depuis l'australopithèque en passant par l’homo erectus et l’homo heidelbergensis, jusqu’à l’homme de néandertal qui nous intéresse aujourd’hui. Ce dernier a peuplé la Normandie depuis moins 300 mille ans jusqu’à moins 40 mille ans.

Planche de 8 photos représentant l'exposition dans les pas de néandertal

Légende de cette photo :
La première photo en haut à gauche représente l’affiche de l’exposition « dans les pas de néandertal ». A sa droite, nous voyons un élément de la frise représentant les maquettes des hommes préhistoriques. Dans le coin droit nous trouvons une maquette en relief d’un lac et d’une forêt tel qu’il en existait à l’époque. Ce paysage est recouvert d’un globe de verre.
Toujours à droite de l’affiche mais disposée en dessous des deux dernières pré citées, se trouve une affiche publicitaire pour les magasins Spar. A sa droite nous voyons une photo d’os exposés en vitrine.
La partie inférieure de la planche comprend deux photos superposées au format paysage occupant les 2 tiers de la largeur. La photo supérieure nous montre divers ossements et des mâchoires exposés en vitrine. La photo inférieure représente la frise complète des maquettes des hommes préhistoriques. Enfin, pour clore le rectangle dans le coin inférieur droit, c’est la photo d’un panneau de l’exposition « hommes préhistoriques et contemporain des dinosaures. Celui-ci comprend plusieurs affiches de cinéma et de publicité.

Ensuite, nous nous sommes installés sur des petits sièges pliants et notre conférencière, Myriam Lescot, nous a distribué des maquettes tactiles. Puis elle nous a présenté l’environnement dans lequel l’homme de néandertal vivait.
A l’époque, il y avait trois grandes saisons. La première était une saison tempérée un peu comme le climat que nous avons actuellement. La deuxième était la saison boréale qui ressemblerait aujourd’hui un peu à un climat scandinave avec un petit été et un peu de neige. La troisième était la saison glaciale, une saison très froide avec beaucoup de neige et de glace.
Nous nous sommes particulièrement intéressés à la faune de la saison boréale. Elle était composée de lions, d’ours des cavernes, de rennes, de mammouths et de rhinocéros. Nous trouvions également à cette époque des lynx, des petites perdrix ainsi que des marmottes. Tous ces animaux vivaient dans une nature comprenant de grandes steppes d’herbe et des marécages à perte de vue.

Myriam nous commente les dessins tactiles que nous avons sous nos doigts. Placés dans un carré dans le coin inférieur gauche nous trouvons un homme à côté d’un mammouth pour nous permettre de nous rendre compte de la différence de taille entre ces deux spécimens.
En allant vers la droite, nous découvrons le sol représenté de façon granuleuse. Sur ce sol se promènent à gauche un mammouth et sur la droite un rhinocéros, tous les deux se déplaçant vers la gauche. Ces animaux sont apparus il y a à peu près 400 mille ans et ils étaient donc bien présents à l’époque de néandertal il y a environ 125 mille ans.
Sur notre planche tactile, nous trouvons également la représentation d’échantillons de la végétation de cette époque qui se composait essentiellement de résineux.

Après avoir changé d’endroit, nous avons découvert comment l’homme de néandertal occupait ses journées.
Pour commencer, notre conférencière nous fait passer trois boîtes à odeurs que nous devons reconnaître. Ce sont des odeurs très fortes. La première est une odeur de sang, la deuxième une odeur de feu de bois et de fumée et la troisième une odeur de fauve.
L’homme de néandertal avait organisé sa vie sociale le plus souvent devant des grottes avec différents espaces de vie. Comme dans notre civilisation où chaque pièce a un rôle qui lui est attribué, ils avaient un espace pour dormir avec des peaux de bêtes, une aire d’activités où ils se rassemblaient autour du feu, une zone où ils découpaient les animaux et préparaient les peaux et un endroit où ils taillaient les pierres.
Pour faire du feu, ils frottaient un silex contre une pierre contenant un peu de fer pour déclencher des étincelles ou ils utilisaient deux bouts de bois qu’ils frottaient l’un contre l’autre pour obtenir une petite flamme.
Pour se nourrir ils chassaient beaucoup. Ils partaient à la chasse en groupe et nous pensons que les femmes y participaient également. Ils se servaient d’armes taillées dans le silex. Pour le tailler, il fallait tout d’abord réfléchir à la façon de le travailler pour obtenir un maximum d’objets. Pour fendre le silex, ils utilisaient un morceau de bois ou un os ou encore un autre silex.
Les outils qu’ils fabriquaient étaient des biface, des grattoirs, des pointes, des lames et des racloirs. En les frappant les uns contre les autres on peut même faire de la musique.

Nous supposons que l’homme de néandertal avait déjà un moyen de communication verbale. Il est également intéressant de noter que nous avons retrouvé des traces qui nous informent qu’ils s’occupaient déjà de leurs morts en organisant des rites funéraires préhistoriques.

Un grand merci à Myriam Lescot de nous avoir plongés dans les vestiges de notre région, des milliers d’années avant la naissance de la Normandie.

Nicolas fortin.

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Compte-rendu de la visite descriptive au musée des Beaux-Arts de Caen du 12 décembre 2015

En décembre dernier, la visite descriptive proposée par le musée des Beaux-Arts avait pour objet le tableau de Caravage, « Le souper à Emmaüs ».

En effet, à la faveur de l'échange du Mariage de la Vierge de Pérugin avec la Pinacoteca di Brera de Milan, le musée de Caen présente ce tableau rare : Le Souper à Emmaüs de Caravage. En préambule de cette exposition, une vingtaine de gravures présente les variantes iconographiques de l’épisode évangélique en Europe, entre le XVIe siècle et le début du XVIIe, un ensemble provenant du fonds Mancel et d’autres collections publiques françaises.

Claude Lebigre, notre conférencière, nous rappelle que c’est un grand honneur pour le musée que d’accueillir ce peintre mythique.
Mauvais garçon, assassin, Caravage était un génie. Il était de tous les débordements.

Pour commencer la description, Claude nous rappelle le contexte de ce souper à Emmaüs. Pour cela, elle nous fait la lecture d’un extrait de l’évangile selon Luc :

« Le même jour, deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient ensemble de tout ce qui s'était passé.
Or, tandis qu'ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s'approcha, et il marchait avec eux.
Mais leurs yeux étaient aveuglés, et ils ne le reconnaissaient pas.

Jésus leur dit : « De quoi causiez-vous donc, tout en marchant ? » Alors, ils s'arrêtèrent, tout tristes.
L'un des deux, nommé Cléophas, répondit : « Tu es bien le seul de tous ceux qui étaient à Jérusalem à ignorer les événements de ces jours-ci. »

Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth : cet homme était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple. Les chefs des prêtres et nos dirigeants l'ont livré, ils l'ont fait condamner à mort et ils l'ont crucifié.
Et nous qui espérions qu'il serait le libérateur d'Israël ! Avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c'est arrivé.
A vrai dire, nous avons été bouleversés par quelques femmes de notre groupe. Elles sont allées au tombeau de très bonne heure, et elles n'ont pas trouvé son corps ; elles sont même venues nous dire qu'elles avaient eu une apparition : des anges, qui disaient qu'il est vivant.
Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l'avaient dit ; mais lui, ils ne l'ont pas vu. »

Il leur dit alors : « Vous n'avez donc pas compris ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce qu'ont dit les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ? »
Et, en partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur expliqua, dans toute l'Écriture, ce qui le concernait.

Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d'aller plus loin. Mais ils s'efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous : le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux.
Quand il fut à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna.

Alors leurs yeux s'ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. Alors ils se dirent l'un à l'autre : « Notre cœur n'était-il pas brûlant en nous, tandis qu'il nous parlait sur la route, et qu'il nous faisait comprendre les Écritures ? »

A l'instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent :
« C'est vrai ! le Seigneur est ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. »
A leur tour, ils racontaient ce qui s'était passé sur la route, et comment ils l'avaient reconnu quand il avait rompu le pain. »

L’iconographie de ce récit va beaucoup évoluer, mettant l’accent soit sur le cheminement, soit sur le souper lui-même. Ce souper est une forme de résurgence de l’eucharistie car, se déroulant juste avant Pâques, il s’agit d’un repas composé de pain, de vin et d’herbes amères. Ce repas rentre dans la longue série des repas auxquels a assisté le Christ : le repas chez Simon, celui avec le pauvre Lazard, tous ces repas qui insistent sur le partage et l’eucharistie, jusqu’à la Cène et la transmutation.

La première partie de l’exposition concerne cette évolution du thème iconographique. Claude nous présente notamment trois gravures sur bois de Dürer représentant trois apparitions du Christ après son inhumation : Le Christ en jardinier (à Marie-Madeleine), Le Christ et les pèlerins d'Emmaüs, et Thomas l'incrédule. Dürer était un orfèvre, un génie de la gravure. Ces trois représentations sont en sillogravure, c’est-à-dire une technique dans laquelle ce sont les parties en relief qui forment le dessin. Claude nous fait passer des exemples de gravures pour que nous puissions toucher le rendu de la technique employée.
Avec la taille sèche sur métal, c’est ce qui est creusé qui reçoit l’encre.

Une autre gravure est une représentation de Titien, très apaisée malgré les tourments de cette époque, puisque en pleine période du concile de Trente qui a épuisé trois papes et s’est déroulé en 25 sessions entre 1545 et 1563.

Michelangelo Merisi, dit Le Caravage, est né en 1571 à Milan. Ses parents, originaires de Caravaggio, petite ville de la région de Bergame, sont des propriétaires qui bénéficient d’importantes protections. Dès l’âge de 13 ans, il est placé en apprentissage chez un peintre.
Le Caravage avait 5 6 ans lorsque la peste a frappé milan (1576 – 1577) et décimé une partie de sa famille. Mais en même temps, il a vu un évêque, Saint Charles Borromée, rester auprès des malades et leur apporter ses soins. Peut-être cela explique-t-il que Caravage ait une vraie foi, qui correspond parfaitement à ce que l’Église attend en cette période de contre-réforme. À cette époque, c’est le mouvement maniériste qui prédomine, avec une peinture très figurative, serpentine, trop fantaisiste au goût de l’Église. Celle-ci souhaite un retour à des choses simples dans lesquelles les gens vont trouver l’élan mystique. Or Caravage répond parfaitement à ces attentes.

Il passe par l’atelier de plusieurs maîtres où il se révèle très bon coloriste. Puis très vite il met en place certains schémas qui vont lui être propres. Par exemple, le souper à Emmaüs est un tableau en longueur où les figures sont représentées à mi-corps. Il a fait des tableaux en hauteurs mais c’est ce format à mi-corps, sur un fond sombre qui lui est spécifique. Les fonds vont d’ailleurs aller en s'assombrissant avec le temps.

Le Caravage a une vie mouvementée, notamment avec de nombreuses femmes.
Et un jour, il tue un homme. Mais par chance, l’Italie étant divisée, la nouvelle ne se répand pas partout et il se cache près de Rome.
Pendant cette période, ses tableaux s’assombrissent.

Dans ce tableau objet de notre description, le fond forme un triangle noir dans le coin en haut à gauche. Dans le haut du tableau, sur la droite, se tiennent la servante et à sa gauche, l’aubergiste, tous deux debout. En bas, au milieu, se trouve la table avec une grande nappe blanche. Le Christ est au centre des trois personnages attablés, entre les deux disciples. Il est vêtu de bleu, avec des cheveux longs, une petite barbe. C’est un Christ très « normal », émacié. Il est éclairé par une lumière latérale qui semble venir du mur de gauche, du coin très sombre.

Il y a dans ce tableau une grande retenue. Le peintre n’insiste pas sur le fait que les convives sont des pèlerins. Le Christ semble esquisser un geste de bénédiction et le personnage de gauche tend sa main ouverte, en un geste d’acceptation. C’est le seul mouvement qui est représenté. Ce disciple de gauche, lui-même, est peu détaillé. C’est presque une silhouette. Le disciple sur la droite est penché et semble s’accrocher à la table tant il est surpris. Derrière, l’aubergiste est très éclairé et la vieille servante porte un plat de côtelettes de mouton. Sur la table, il y a peu de choses : un pain derrière le broc, une assiette dans laquelle il y a des herbes amères.

Ce tableau marque un tournant dans la technique du Caravage. Quatre ans auparavant, il avait peint une toile similaire et pourtant radicalement différente. Ce précédent tableau, peint en symétrie du souper à Emmaüs, représente le Christ en rouge, avec un visage poupin. Les disciples ont des gestes emphatiques, outrés, l’un d’eux même avec les bras en croix.
L’aubergiste est beaucoup plus richement vêtu, et la table est garnie de verreries, d’une corbeille de fruits. Cette corbeille est une prouesse de nature morte tant elle est réaliste. Elle est en équilibre sur le bord de la table comme une évocation de la brièveté de la vie qui peut basculer. On trouve aussi une cruche de vin blanc et une belle carafe d’eau ainsi qu’un plat de poularde. Cette première version était beaucoup plus théâtrale avec un débordement d’informations. C’est d’ailleurs une époque où on joue beaucoup de pièces religieuses, des mystères, dans les églises. Mais à l’époque de Caravage, on commence à s’interroger sur le bienfondé de ces traditions.

La différence entre ces deux toiles s’explique par l’évolution du Caravage. Entre ces deux tableaux, le peintre devient un assassin. Il fuit, ne connaissant plus d’atelier fixe. Il s’exile à Naples, à Malte, en Sicile puis à nouveau à Malte. Il va même être fait chevalier de l’ordre de Malt, son forfait n’étant pas connu. Mais sa réputation sulfureuse le rattrape et il est chassé de Malte.
Il a toujours des protecteurs, des commanditaires, mais ne connaît pas le repos. Dans sa fuite, en 1510, il meurt sur une plage. Mais on ne sait pas où il a été inhumé.

Dans l’exposition, on peut également observer des radiographies de la toile. On y découvre ce qui se cache sous la peinture. A l’origine, Caravage avait repris le décor de Titien avec une grande ouverture au fond de la pièce à travers laquelle on voit un paysage. Mais probablement s’est-il dit que ce paysage étouffait l’aura du Christ. Il l’a alors recouvert par ce grand triangle noir qui donne une impression de silence, de paix.

Caravage a beaucoup de sensualité dans les corps d’hommes. Les femmes, elles, ont un rayonnement d’humanité, de bonté.

Après la mort de Caravage en 1510, on a vu apparaître un mouvement appelé le caravagisme avec des figures à mi-corps, des personnes normales, avec des visages qui expriment des émotions. La troisième partie de l’exposition présente quelques toiles représentatives de cette période.

Enfin la quatrième partie présente une vidéo de quinze minutes réalisée par Bill Viola, grand vidéaste contemporain. Il a repris le cadrage de Caravage et a invité cinq comédiens à jouer des émotions. Ces émotions vont changer au long de la vidéo. L’un des comédiens a un air de ravissement qui s’épanouie au fur et à mesure. Et petit à petit les personnages interagissent, se touchent, et les émotions progressent.

Ainsi se conclut la visite de l’exposition autour de l’expérience Caravage et de cette œuvre magistrale. Nous adressons tous nos remerciements à Claude pour cette remarquable description. Rendez-vous le samedi 27 février pour une nouvelle visite.

Emmanuelle Gousset.

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Nouveau guide accessibilité de la ville de Caen

La Ville de Caen a réédité le guide Accessibilité qui regroupe l'ensemble des services proposés aux habitants en situation de handicap et à leur famille : accessibilité, logement, emploi, éducation, santé, loisirs.

Il est disponible en version braille et en gros caractères et bientôt en format audio (MP3 et CD), et en vidéo en langue des signes
Guide accessibilité de la ville de Caen au format pdf (29.5 MO)

Contact: CCAS de Caen, Mission ville handicap.
Tél: 02 31 15 38 56
Email: missionvillehandicap (chez) caen.fr

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Une pétition pour un Web plus accessible

L'accessibilité numérique consiste à permettre à tous, notamment les personnes souffrant de handicap, d'utiliser des ordinateurs et leurs logiciels, et de consulter ou créer des ressources numériques, sur tout type de support (ordinateur, téléphone portable, tablette etc.

Les personnes en situation de handicap ont aujourd’hui autant besoin d’accessibilité numérique que les personnes en fauteuil roulant ont besoin d’accès aux espaces physiques.

Le gouvernement a ouvert une consultation publique sur le projet de loi pour une république numérique, et il est ironique de constater que le site web de cette consultation publique n’est pas accessible, c’est-à-dire pas utilisable notamment par les déficients visuels.

Nous demandons au gouvernement d’étendre le périmètre de l’obligation d’accessibilité numérique à tous les sites et applications mobiles et pas uniquement aux sites internet des services publics.

Nous demandons également au gouvernement qu’à l’instar des lois sur le bâti, la voirie et les transports, des sanctions financières réellement dissuasives soient mises en place, et que la non-conformité en matière d’accessibilité numérique soit qualifiée de discrimination au sens du code pénal.

Si vous approuvez ces deux propositions, Signez la pétition sur
http://www.change.org

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Scandaleuse marche arrière pour les maîtres de chiens-guides

Un arrêté ministériel du 20 mars 2014 établissait un certificat national attestant de l'éducation d'un chien guide, certificat qui autorisait un animal en phase d'éducation ou "retraité" à entrer librement et gratuitement dans tous les Etablissements Recevant du Public, les Installations Ouvertes au Public, les véhicules de transport, avec dispense du port de la muselière.

Or le Centre Indépendant d'Education (CIE) et l'Union des maîtres-chiens guides d'Europe ont formé un recours contre cet arrêté. Et le Conseil d’Etat, le 8 janvier dernier, leur a donné gain de cause en annulant l'arrêté pour vice de procédure notamment. Conséquence : les animaux en éducation ou retraités ne sont plus autorisés à circuler partout sans muselière.

Certes les chiens déjà remis ou prochainement remis conservent le droit d’accès sans muselière aux ERP, IOP et transports. Mais le véritable problème pour les maîtres déficients visuels est que l'aide animalière versée au titre de la Prestation de Compensation du Handicap peut immédiatement être suspendue par les départements puisqu'elle est subordonnée à la labellisation du chien guide. Or l’arrêté ayant été annulé, une telle labellisation n’existe plus.
De nouvelles discussions sont engagées autour de la ministre, Mais, compte tenu des délais de procédures, la situation devrait rester en l'état au moins encore six mois, et sans garantie de retrouver un accord satisfaisant pour les maîtres de chiens-guides.

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Au Louvre, des visites sensibles ouvertes aux aveugles et malvoyants

Le musée parisien propose des conférences aux aveugles et malvoyants. Un conservateur commente les reproductions en relief d’œuvres de maîtres.

De l’art « en braille »

Les mains chenues de Georges et Madeleine s’entrelacent encore sous les ors du Louvre, devinent de concert le profil de sainte Catherine d’Alexandrie, tracé de la main virtuose de Raphaël. Georges ne voit plus, alors Madeleine guide ses doigts sur le panneau qui, en relief, reproduit l’esquisse du maître de la Renaissance. De l’art en braille, en quelque sorte.

Minutieusement, Georges dessine une image mentale du croquis, se figure à tâtons les plis du drapé de la sainte, sa main sur le cœur, puis sa silhouette et le vide qui l’entoure, enfin la composition générale de l’ébauche.

« Le voyant a l’appréhension générale du tableau et va ensuite dans le détail. Pour nous, c’est l’inverse », explique Jean, venu avec son chien parmi la dizaine de personnes aveugles ou malvoyantes réunie dans le cabinet des dessins du Louvre. « Comme la lecture, ça demande un apprentissage », précise-t-il.

Des conférences adaptées au handicap

Pour saisir ces détails et bâtir peu à peu l’image dont ils sont privés, les participants s’appuient sur le commentaire érudit et passionné de Dominique Cordellier, conservateur au Musée du Louvre. Avec le service de démocratisation culturelle du musée, il anime depuis quatre ans ces conférences de deux heures et demie destinées aux déficients visuels.

Par Louis Nadau, le 31/01/2016 à 17h45
"la Croix, cécitroc-infos)

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