Sommaire de ce numéro

  1. Notre agenda.
  2. Le mot de la présidente.
  3. Prochaine visite descriptive au musée des Beaux-Arts de Caen
  4. Twisto désormais disponible sur l'application Moovit.
  5. Compte-rendu des états généraux du handicap de la ville de Caen.
  6. Compte-rendu de la visite descriptive au musée de Normandie le 24 novembre 2018.
  7. Compte-rendu de la visite descriptive au musée des Beaux-Arts du 15 décembre 2018.
  8. DÉFICIENCE VISUELLE : DES SOLUTIONS POUR FACILITER LE DÉPLACEMENT EN MILIEU EXTÉRIEUR EN AUTONOMIE & EN SÉCURITÉ
  9. Handicap et justice, l’égalité des droits en question.
  10. Compensation du handicap : des mesures… d’ici juin.
  11. Franck Riester défend sa politique d'accès au livre pour handicapés et dys…
  12. Navoxi en bref.
  13. Smart Art, l’impression 3D pour une culture de l’inclusion.
  14. A Strasbourg, le premier circuit touristique spécial handicap.

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Notre agenda

  • Vendredi 18 janvier à 18h30 : Formation à l'utilisation du four à thermo gonflage.
  • Jeudi 24 janvier de 14h à 17h : sensibilisation au handicap visuel à l'IRTS.
  • Samedi 26 janvier à 11h15 : Visite descriptive au musée des Beaux-Arts de Caen.
  • Lundi 28 janvier à 10h : rencontre avec Monsieur Jean-Pierre Leclercq président du comité du Calvados de l'AVH.
  • Mardi 5 février de 14h à 17h : sensibilisation au handicap visuel à l'IRTS.
  • Mercredi 6 février de 10h à 16h30 : rencontre avec des élèves de la Maison Familiale Rurale de Vire.
  • Jeudi 7 février à 14h : réunion du groupe de travail appli mobile au dépôt de Twisto.
  • Vendredi 8 février à 9h30 : présentation du schéma départemental de l'autonomie.
  • Samedi 9 février de 10 à12h : assemblée générale de notre association.

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Le mot de la présidente

Chères lectrices, chers lecteurs,

C’est au nom de tous les membres de Cécitix que je vous souhaite de passer une très bonne année 2019. Pour l’association, les activités ne devraient guère varier, mais nous demandent toujours plus de temps et d’investissement.
D’ores et déjà, des interventions de sensibilisation au handicap visuel sont programmées, et des projets de plans en relief sont à l’étude.
Nous réfléchissons aussi à mettre à jour l’atlas de la ville de Caen, mais il semble que les contours de la nouvelle communauté urbaine ne soient pas encore tout à fait stabilisés.
Par ailleurs, nous poursuivons nos visites au musée des Beaux-Arts de Caen qui propose tous les deux mois environ une description d’une œuvre ou d’une exposition. Chacun y est le bienvenu et je vous encourage à venir faire l’expérience de ces visites un peu particulières.

Comme chaque année, nous organisons notre assemblée générale, à laquelle vous pouvez assister si vous le souhaitez. Elle se tiendra le samedi 9 février 2019 au matin. En outre, tous les soutiens étant les bienvenus, nous vous invitons à adhérer à l’association en nous retournant le formulaire que vous trouverez en cliquant sur le lien suivant :
Pour adhérer à Cécitix.

Pour bien débuter cette année toute neuve, je vous souhaite une bonne lecture, espérant que notre moisson d’articles aiguisera votre curiosité.

La présidente, Emmanuelle Gousset

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Prochaine visite descriptive au musée des Beaux-Arts de Caen

Le musée des Beaux-Arts de Caen propose le samedi 26 janvier 2019 à 11h15 une visite descriptive adaptée au public déficient visuel.

Cette exposition s'intitule "Les secrets d'un tableau : La restauration de La Vierge donnant une étole à Saint Hubert d’Érasme Quellin (1669)".

Cette visite est également ouverte au public voyant.

Réservations auprès du service des publics : 02 31 30 40 85 (9h-12h du lundi au vendredi) ou mbareservation (chez) caen.fr
Tarif: 4 euros par personne pour le public déficient visuel et leur accompagnateur.

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Twisto désormais disponible sur l'application Moovit

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Compte-rendu des états généraux du handicap de la ville de Caen

Le mercredi 28 novembre 2018, plusieurs membres de Cécitix ont assisté aux états généraux du handicap organisés par la mission ville handicap du CCAS de Caen sur le thème "handicap et santé".
Après un café et une petite madeleine, Joël Bruneau, maire de Caen, a ouvert ces 10e états généraux, animés par Michel Legorjus, journaliste à Radio-France. Il a rappelé l'importance de ne pas se contenter d'évoquer le handicap à l'occasion des états généraux, mais de considérer au quotidien les personnes handicapées comme des citoyens à part entière. C'est dans cet esprit que la ville de Caen a signé le 30 mai 2018 la charte Romain Jacob.

C'est ensuite Pascal Jacob, président de l'association handidactique, qui nous a présenté la charte Romain Jacob et ces grands principes.
Aujourd'hui, c'est la citoyenneté, le droit commun, qui doit s'ouvrir à tous pour tendre à une société accueillante.
Monsieur Jacob préfère parler de "personne vivant avec un handicap" plutôt que de "personnes handicapées", le résultat selon nous étant le même.

La charte Romain Jacob est le guide éthique de l'accès aux soins pour tous. Elle est reconnue par l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) et diffusée partout en France, recueillant plus de 5 000 signataires.
Autrefois, les médecins avaient comme client la maladie. Aujourd'hui, il faut que les médecins aient comme clients la personne malade. Pour cela il faut faire évoluer les comportements sur 6 axes :

1. Il est indispensable d'avoir accès aux soins comme tout le monde (sans discrimination). Aujourd'hui, 17 % des personnes handicapées déclarent avoir été refusées d'accès dans un lieu de soin. Il faut que la personne handicapée soit soignée comme tout le monde.

2. Il faut ne pas soigner trop tard. Il est terrible de constater que quand on découvre une tumeur sur une personne valide, elle mesure en moyenne 3 mm, alors que chez une personne handicapée, elle mesure en moyenne 4 cm parce qu'il n'y a pas eu de prévention. Il faut aussi comprendre qu'une personne handicapée sur deux ne sait pas dire qu'elle souffre et parfois ne sait pas même qu'elle souffre. Il est donc indispensable de travailler sur des diagnostics les plus précoces possibles. L'âge moyen de découverte de l'autisme en France est encore de 5 ans alors qu'en Allemagne, il est de 9 mois. Il ne faut pas travailler sur un diagnostic établi, mais sur un doute. Il ne faut pas banaliser des signes qui peuvent paraître anodins.

3. Il faut accepter l'accompagnement. Une majorité de personnes demande à ce que leur accompagnant soit présent pendant le soin. L'accompagnant peut aider malade et médecin à communiquer. Ce droit à l'accompagnement est désormais inscrit dans la loi.

4. La coordination médicale : aujourd'hui, une personne handicapée sur 5 meurt d’iatrogénie (de mélange de médicaments) à cause d'un manque de coordination des soins. Là aussi la coordination est désormais inscrite dans la loi grâce au DMP (dossier médical partagé).

5. L'accessibilité des lieux de soin : cela ne concerne pas que le bâti, mais aussi l'accueil, les outils qui permettent aux malades de comprendre et d'être acteurs de leur parcours de soin.

6. La valorisation, la formation des aidants. L'aidant, l'accompagnant, c'est celui qui va faciliter l'accès au soin.

Pascal Jacob nous a ensuite présenté l’application handisfaction permettant d'accéder à un questionnaire de satisfaction des soins et aux résultats de cette enquête. Tout ce qu'on peut mesurer permettra de progresser.

Puis il a évoqué son Livre intitulé "liberté, égalité, autonomie" Pourquoi ce titre ? "Parce que nous sommes en train de faire évoluer l'action du soin et du "prendre soin". C'est aujourd'hui permettre de faire des progrès dans sa propre autonomie."
Nous sommes souvent confrontés à des choix qui ne sont pas ceux de la personne elle-même.
Romain Jacob était autiste. Il avait 19 ans quand il a parlé pour la première et la dernière fois. Sans que aucun de ses proches ne le sache, il possédait tous les mots, la compréhension, la capacité à décider par lui-même.
Aujourd'hui, on ne sait définir la personne handicapée que par ce qu'elle ne sait pas faire. C'est cela qu’il faut inverser. Il faut évaluer les capacités des personnes, définir l'individu par ce qu'il sait faire.

Mandela disait que « La souffrance des hommes vient de trois choses :
la discrimination, l'injustice et la solitude subie ».
La discrimination c'est considérer qu'une personne n'a pas sa place dans le droit commun.
L'injustice c'est ne pas avoir les mêmes droits que tous.
La solitude subie, c'est institutionnellement être mis à l'écart.

Il faut valoriser la personne handicapée, l'associer aux décisions, et la responsabiliser.
C'est pour ce faire que se crée un nouveau métier : l'autonomiseur.
C'est une personne handicapée, ambassadeur du handicap dans la société et ambassadeur de la société dans le monde du handicap.
Ces autonomiseurs aident le soignant et le soigné à se comprendre. Ils existent aussi dans les commerces, les écoles, les associations, etc.
Se crée une école des autonomiseurs. Plus de 200 personnes devraient devenir autonomiseurs en France.
Le vrai métier de l'accompagnement, c'est permettre à la personne handicapée d'être actrice de sa vie, de la société.

Il est nécessaire d'évaluer le travail d'accès au soin. Pour une société accueillante, accompagnante, solidaire :
- il faut un autonomiseur pour 20 000 habitants.
- il faut une véritable école pour former les professionnels de l'accessibilité. Par exemple, il n'existe pas en France d'école de domotique. C'est pourquoi nous n'avons pas en France de professionnels de l'accessibilité.
- Il faut que les MDPH simplifient les démarches que doivent accomplir les personnes handicapées.
Chaque particule d'autonomie doit être exploitée. Il faut déclencher l'envie d'autonomie.

Pascal Jacob évoque ainsi les Cités de l'Autonomie et du Partage qui sont l'expression de la capacité d'une collectivité territoriale à être terrain d'autonomie. Ces CAP font aujourd'hui partie des plans d'action des ARS (Agences Régionales de Santé).
Il faut aussi faire évoluer les métiers en renforçant la formation des soignants et en valorisant leurs missions.

Enfin il faut pour tout cela faire évoluer les lois qui parfois peuvent empêcher l'autonomie, voire la décourager. Pascal Jacob demande la création d'un défenseur de l'autonomie.

Au terme de cette conférence, plusieurs tables rondes ont permis à diverses structures de présenter leur activité.

M. Maincent a présenté l'Apaei (Association de Parents et Amis de Personnes Handicapées Mentales), qui vient en aide aux personnes handicapées mentales et à leurs familles. Les établissements de l'Apaei, à l'exception de ceux financés par le Conseil Départemental, bénéficient de personnels de soins. M. Maincent relève une exception calvadosienne qui est l'existence d'un établissement pour personnes âgées handicapées mentales. Malheureusement, il ne dispose d'aucun personnel soignant.
Souvent les personnes handicapées intellectuelles de plus de 50 ans n'ont plus de proches susceptibles de les accompagner dans des démarches de prévention (examens de dépistage, vaccinations, etc.).
Pour les personnes peu ou pas autonomes dans leur vie quotidienne, qui n'ont pas la capacité à exprimer leur mal, il est nécessaire que les soignants ou les professionnels qui l'entourent soient formés à comprendre la souffrance de la personne handicapée.
Le souhait de l'Apaei est de permettre à la personne handicapée mentale de prendre les décisions qui concernent sa vie sans influence indue.

Le professeur Leroy, président du RSVA (Réseau de Services pour une Vie Autonome), a évoqué une enquête de satisfaction des soins. Il a commencé en relevant un certain nombre d'erreurs : quand on interroge les personnes handicapées, souvent on passe par un courrier, généralement traité par les accompagnants.
Il a indiqué par ailleurs que le RSVA a organisé des examens périodiques de santé pour développer la prévention. Mais cela suppose des financements pas toujours au rendez-vous. Grâce à la CPAM, ces examens vont pouvoir reprendre en 2019.
Le RSVA est une structure qui aide à faire du lien entre les structures de soin. Il répond à 8 des articles de la charte Romain Jacob (articles 3, 5, 6 7, 10, 11 notamment).

Mme Russo-Chapirot, directrice départementale de l’UNAFAM (Union Nationale des Amis et Familles de Malades et Handicapés Psychiques), nous a appris que l’association a été créée en 1963, et la délégation caennaise en 1983. Il existe aujourd'hui 100 délégations dans le monde, 15 000 bénévoles.
Le handicap psychique n'a été reconnu qu'en 2005 (schizophrénie, dépression grave, bipolarité, TOC)

Madame Boust, de l’ARS (Agence Régionale de Santé), a évoqué le Programme Régional d'Accès à la Prévention et aux Soins (PRAPS) et l’importance attachée à la participation des usagers. L’objectif est de soutenir les associations des usagers, sécuriser leurs financements, pour favoriser la prévention.
L’enjeu fort de ce programme est de travailler auprès des personnes les plus en difficulté, notamment les plus précaires.
Les axes prioritaires sont les suivants :
- interventions prioritaires sur les déterminants de santé (aide à la personne, accompagnants),
- prise en compte des personnes vulnérables dans tous les parcours,
- faciliter l'accès au droit et au système de santé pour tous (permanences de soins par exemple),
- développer la participation des usagers (représentation au sein du comité de pilotage du programme, inviter les coordonnateurs dans les groupes de travail, etc.)

La richesse de ce programme c’est de confronter les objectifs institutionnels avec la réalité des besoins, d’être bien compris de tous, s'appuyer sur des expériences vécues pour plus de légitimité.
La difficulté, c’est la représentation des usagers.

La parole a ensuite été laissée aux personnes du public pour d’éventuelles questions.

Jean Poitevin, de Cécitix, a demandé si le livre de Pascal Jacob avait été adapté en livre audio. Monsieur Jacob a indiqué que ce n’était pas le cas pour l’instant mais que des discussions étaient en cours avec l’éditeur.

Une dame de l'AAJB (Association des Amis de Jean Boscot) a évoqué le problème de la limite d'âge du suivi médical à 16 ans pour les jeunes handicapés mentaux qui met en difficulté les ados et leurs parents.
A également été soulevé le problème de la sectorisation des soins :
selon le domicile, on dépend d'hôpitaux différents.
Pascal Jacob a en effet constaté L'absence de transition entre les établissements pour tous petits, enfants et adultes. Ce problème n'est pas réglé. Il faut que le défenseur de l'autonomie s'en saisisse pour assurer une continuité de la prise en charge.

Mme Boust, de l’ARS, a insisté sur l’importance de s'approprier le PRAPS pour que les groupes de travail se saisissent de ce sujet. Elle a ajouté que le schéma régional de santé a été basé autour d'un travail sur les ruptures dans la prise en charge.

Eric Jean, qui lui-même est sourd, a demandé une version en langue des signes, langue naturelle des sourds, le Français étant une deuxième langue.
Monsieur Jacob a répondu qu'il n'avait pas encore eu cette demande. Il va contacter son éditeur pour envisager cette traduction.

Mickael Aubert, représentant l’AVH, a fait remarquer que les ruptures de vie, la survenue soudaine d’un handicap, étaient insuffisamment prises en compte.
Ce à quoi Pascal Jacob a répondu que les CAP (Cités de l’Autonomie et du Partage) avaient pour objet de travailler à l'autonomie notamment pour les personnes qui la perdent brusquement.

La dame de l'AAJB a noté l'insuffisance des modules de formation sur le handicap et l'autodétermination dans les cursus des travailleurs sociaux et soignants.
Pascal Jacob a préconisé de faire intervenir dans ces cursus les personnes handicapées elles-mêmes. Il faut aussi faire tomber les clivages entre les professions.

Après le déjeuner, les associations ont été invitées à signer la charte Romain Jacob, ce que j’ai fait au nom de Cécitix.

Puis la parole a été donnée à Monsieur Emmanuel Touzé, doyen de l'UFR Santé de l'université de Caen. L'UFR santé a signé la charte en mai 2018, prenant l'engagement de démarches pour des actions concrètes de formation.

Proposition: réalisation d'un stage précoce de découverte du handicap.
L'expérience sera basée sur celle de Reims. Ce stage sera réalisé par les étudiants entre la première et la 2e année, pendant le stage infirmier. L'objectif est de rencontrer et dialoguer avec des personnes handicapées dans leur environnement. Cela leur permettra aussi d'être sensibilisés à la prise en charge des patients handicapés et de développer la communication avec ces usagers.
Le contenu de la formation va se dérouler en 3 temps:
1. Séminaire de préparation.
2. Stage d'immersion avec une rencontre entre un étudiant, une ou plusieurs personnes handicapées et les aidants.
3. Un bilan avec tous les intervenants.
5 jours de formation impliquant de nombreux acteurs: l'ARS, le RSVA, les établissements médico-sociaux et les associations (de personnes handicapées et d'étudiants).
Pour les personnes handicapées, c'est l'occasion de s'exprimer sur leurs besoins en santé.
Pour les établissements, c'est la possibilité de se faire connaître.
Et pour les étudiants c'est la possibilité de connaître les ressources en matière de handicap et de développer leurs compétences relationnelles.
Ces stages seront mis en place dès la rentrée 2019.

Pascal Jacob a ajouté que serait présenté en mai un projet de formation jusqu'au clinicat. Fin 2019, la formation à l'accompagnement des personnes handicapées devrait faire partie intégrante de la formation des soignants.

Emmanuel Touzé a précisé que dans le cadre du service sanitaire (3e année) il y aura également des stages en lien avec le handicap autour de la prévention et de la promotion de la santé.

Le reste de l’après-midi était consacré à la présentation de projets innovants en matière de santé.

Mme Cindy Elary de l'APAJH 14 a par exemple présenté le Passeport Santé. C’est un outil concret de gestion des rendez-vous médicaux particulièrement utile notamment à l'ESAT qui compte environ 90 personnes déficientes intellectuelles.
L'équipe pluridisciplinaire a mis au point cet outil avec 3 objectifs:
- Permettre à la personne d'être actrice de son parcours de soin grâce à des infos accessibles;
- Avoir des repères temporo-spatiaux
- fournir aussi des repères aux soignants concernant les patients (fiches avec des bilans par spécialité, des outils de communication adaptés au handicap du patient).

Construit avec des établissements de santé et des professionnels libéraux, adapté en version facile à lire et à comprendre, il a été testé auprès de 8 personnes. C'est l'ESAT qui a fabriqué l'objet.

L'outil, c'est un carnet avec :
- Une première partie consacrée aux informations personnelles :
Les accompagnateurs: fiche sur les mesures de protection, distinction entre curatelle et tutelle, personne de confiance, etc. ; les traitements et pathologies, les antécédents, la vaccination et le don d'organes ; les habitudes de vie, le mode de communication (orale, visuelle, vocabulaire simplifié, etc.) ; le souhait d'être accompagné ou pas lors des rendez-vous.
- Une 2e partie qui contient le répertoire santé : numéros utiles des professionnels de santé ; les rendez-vous, avec plusieurs fiches selon les spécialistes.
- Une 3e partie qui est la fiche médicale à remplir par les médecins (par exemple fiche médecine générale, dentiste, gynécaux, etc.)
- Enfin une 4e partie qui contient les outils de communication : une fiche sur l'expression de la douleur ; une fiche sur les symptômes ; un planning de rendez-vous ; des fiches détachables de rendez-vous (date et heure, lieu, pourquoi, que faut-il apporter, etc.).

Le passeport santé est majoritairement utilisé quand la personne bénéficie d'un soutien.
Ce qui reste à développer, c'est l'intérêt auprès des médecins. Seuls 30 % des médecins consultés avec ce passeport l'ont rempli.
Le format est grand pour s'adapter à la norme FALC.

Pascal Jacob a fait remarquer qu’il serait intéressant de développer ce projet en synergie avec le Dossier Médical Partagé (DMP). Il a ajouté qu'il valait mieux ne pas mettre de groupe sanguin plutôt que de le mettre sans la photo de la personne afin d'éviter les confusions.

C’est ensuite le docteur Bredèche qui a présenté le dispositif Mobidents.
« Si vous ne pouvez pas venir à nous, nous viendrons à vous » : c'est le principe de Mobidents.
Il existe déjà des cabinets dentaires mobiles. Mais ils supposent un conducteur poids lourds, que les patients sortent de leur établissement et accèdent au camion, et nécessite des investissements très lourds.
Mobidents est un petit véhicule utilitaire, qui ne nécessite qu'un permis B. Il peut contenir tout le matériel nécessaire au montage d'un cabinet dentaire dans n'importe quel établissement. Le montage peut se faire en une heure.
D'abord les patients sont examinés et un plan de soins est établi. La semaine suivante, les soins sont planifiés.
Création caennaise, l'unité Mobidents est appelée à se répliquer dans d'autres départements.
L’environnement est moins anxiogène pour des soins de même qualité qu'en cabinet.

L'activité de Mobidents depuis sa création en 2016, ce sont 40 établissements partenaires, 1.450 consultations.
Pour l’avenir, sont à l’étude un projet de création d'unité de coordination à la Miséricorde et un projet de cabinet dentaire fixe et consultations gynécologiques adaptées avec un personnel formé, la conception et l’achat d’un fauteuil dentaire modulable, avec possibilité de soins sans transfert dans un fauteuil spécial.

Pascal Jacob s’est interrogé sur le temps passé par l'unité Mobidents dans un établissement.
Environ 8H la première journée. Par la suite, tout dépend de la complexité des soins.
Font-ils des visites blanches pour familiariser les patients avec le personnel soignant ?
Oui, dans les établissements spécialisés (MAS, IME). Ils passent du temps dans l'établissement, font une photo, et accrochent la photo dans les lieux de vie des résidents. Ils font ensuite un simulacre de soin avec un membre du personnel avant d'envisager le soin à la personne handicapée.
Mobidents démarche les anciens praticiens pour récupérer du matériel.
Les financeurs: ARS et l'assurance maladie pour le fonctionnement. Pour les investissements, des partenaires privés interviennent (banques, mutuelles, etc.).
Les consultations sont gratuites pour le résident.

Pour les personnes qui vivent à leur domicile: comment faire?
Les soins à domicile sont exclus pour des raisons d'asepsie.

La question est posée d’une éventuelle action pédagogique de Mobidents auprès des confrères dentistes concernant l'accueil d'une personne handicapée.
Le RSVA participe à un groupe de travail national sur la formation à l'accueil des patients handicapés.

Ayant dû quitter la séance avant son terme, je ne suis pas en mesure de vous faire part des autres initiatives présentées.

Rédigé par Emmanuelle Gousset

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Compte-rendu de la visite descriptive au musée de Normandie le 24 novembre 2018

Le samedi 24 novembre, le musée de Normandie proposait une visite adaptée de l'exposition événement "vous avez dit barbares?".

Emmenés par Simon Lhenri, médiateur culturel, nous sommes partis à la découverte de nos ancêtres.
Notre guide nous a d'abord présenté la structure de l'exposition, qui se présentait en 3 parties : une première partie consacrée aux œuvres graphiques, une deuxième partie relative au peuplement de la Normandie par les populations barbares à la fin de l'empire romain (entre le 5e et le 8e siècle), et une troisième partie sur l'étude des temps Mérovingiens.

Nous avons donc débuté par la découverte des œuvres graphiques sur les peuples barbares. Nous avons été accueillis par la grande affiche qui dépeint des guerriers Francs arrivant en Normandie. Ces guerriers ne semblent pas aussi belliqueux qu'on pourrait l'imaginer. En effet, cette exposition a voulu réinterroger ce qu'étaient réellement les barbares.

Simon a fait appel à notre mémoire pour retrouver nos connaissances des peuples barbares. Nous avons aussitôt pensé aux huns, l'archétype des barbares méchants. Ils sont issus d'Asie, venus en Europe, où ils ont bâti un véritable empire contre les romains. Le roi des Huns que nous connaissons, c'est Attila. Dans nos représentations, les Huns ont un type asiatique, sont à cheval, avec des armes, et dans une posture d'attaque. En fait, cette image a été construite à partir des textes anciens. Or, il était dans l'intérêt des Romains, leurs adversaires, d'en dresser des portraits déshumanisés, non civilisés. On peut donc douter de ces descriptions propagandistes dans un contexte de guerre.

Parmi les barbares, on trouve aussi les Francs. Venus en Gaule, ils y ont créé de véritables royaumes. Pour nous, ce sont plutôt les bons barbares. Ils sont nos ancêtres, au même titre que les Gaulois. Ils leur ressemblent d'ailleurs beaucoup.

Nous nous sommes ensuite déplacés pour nous intéresser à deux mythiques rois des Francs : Clovis et Dagobert. Clovis n'était pas le premier roi des Francs, mais le premier célèbre. Contrairement à l'image qu'on peut s'en faire, il ne portait pas de couronne. Pour se reconnaître, les Mérovingiens portaient les cheveux longs.
Les Mérovingiens, c'est la première dynastie régnant en France. Ils tireraient leur nom de l'ancêtre légendaire de Clovis : Mérovée. Clovis est le plus important des rois Mérovingiens car il est le premier à se faire baptiser.

Quant au roi Dagobert, il est connu par la chanson du bon roi Dagobert. Cette chanson date de la révolution, époque à laquelle pour se moquer du roi sans pour autant s'en prendre à Louis XVI lui-même, les révolutionnaires ont choisi un ancêtre mythique du roi pour lui faire vivre plein d'aventures où il passait pour un benêt. Mais Dagobert, d'après les recherches archéologiques, a été un grand roi.

Là aussi l'iconographie des barbares provient d'outils de propagande de leurs adversaires. En revanche, nous avons pu découvrir des pièces recueillies à l'occasion de fouilles archéologiques. Trois Normands ont permis d’importantes découvertes : Charles Duhérissier de Gerville , historien naturaliste et archéologue, Arcisse de Caumont, fondateur de la société des antiquaires Normands, et l’abbé Cochet, archéologue Rouennais. Ils ont commencé à dépoussiérer l'image des Mérovingiens.
La vitrine des archéologues présente quelques objets et leurs publications. C'est ainsi que nous passons dans la deuxième partie de l'exposition. Au sol, est représentée une sépulture des temps barbares datant de 420 à 450. La plupart des objets recueillis lors des fouilles proviennent de sépultures. A cette époque, les gens étaient enterrés avec les objets qui montraient leur statut social, leur pouvoir. La sépulture représentée au sol est celle d'un guerrier car il est enterré avec une pointe de lance. Il faisait donc partie de la haute société puisque à cette époque, ce sont les militaires qui détenaient le pouvoir. On ne peut pas savoir s'il s’agit d'un romain ou d'un barbare puisque dès leur arrivée les barbares ont adopté les mœurs et traditions romaines.

Notre guide nous fait alors toucher, de nos mains gantées, un costume de guerrier fait de petites plaquettes de bronze jointes par des lanières de cuir. Une ceinture est ornée d'une boucle et d'un ferret. En-dessous, l'habit est une tunique simple. Le casque est surmonté d'un panache en crin de cheval. Derrière se trouve le bouclier et la lance. Ce costume était celui des officiers romains. Mais les barbares vont adopter les costumes de l'empire Romain. Toutefois cela n'est pas vrai pour les femmes. A l'époque, les femmes barbares gardaient leurs traditions. C'est ce qu'on a pu constater grâce au trésor de la princesse d'Airan, d'origine barbare venue du Danube.

Nous nous sommes ensuite arrêtés devant deux fragments de lapidaires qui représentent le culte du dieu Mitra.
La stèle devait mesurer environ 2 mètres de large. Le morceau retrouvé mesure 40 cm. Cette stèle, représentant un personnage qui tient une torche, a été retrouvée à Jort dans le Calvados.

Le culte de Mitra était un culte indo-iranien très pratiqué entre le 3e et le 5e siècle dans l'armée romaine. Le fait qu'on l'ait retrouvé en Normandie démontre que de nombreuses garnisons romaines ont fait appel à des mercenaires barbares pour défendre la Normandie contre les pirates Francs et Saxons. Le Litus Saxonicus était une organisation militaire chargée d'assurer la défense des côtes normandes contre ces incursions. Des garnisons étaient notamment installées à Avranches, Coutances, Bayeux, etc.

Enfin, dans la troisième partie de l'exposition, Simon nous a présenté Clovis à travers une représentation tactile du tableau intitulé "le baptême de Clovis".
C'est un tableau au format portrait qui mesure 2M60 sur 3M20. En haut à gauche figure un ange. Au centre, des lignes représentent les pics de l'armée de Clovis à l'arrière-plan. En-dessous, sont représentés les personnages de cette scène : l'Evêque Saint-Rémy, un autre religieux qui tient une croix, Clovis, accoudé à la cuve baptismale. Quelques gouttes tombent du visage du roi Mérovingien pour représenter l’huile sainte que l'Evêque verse sur son front. A gauche, figure Clothilde, la femme de Clovis. Ce tableau vient de l'église de Lassy, peint en 1765 par François de la Vente qui fait partie d'une dynastie de peintres religieux normands. Cette toile est l'une des seules qui représentent le baptême de Clovis et en même temps toute son armée à l'arrière-plan. Car selon la légende, à la suite du baptême du roi, 3 000 de ses soldats se seraient fait baptiser. Il est à noter qu'à cette époque, le baptême se faisait par immersion totale.

Clovis n'était pas chrétien, mais roi des Francs qui sont païens. Plusieurs explications sont avancées à ce baptême. La première est que pour épouser Clothilde, princesse Burgonde et donc Chrétienne, il ait dû se convertir. L'Eglise propose historiquement une autre explication : lors de la bataille de Tolbiac contre les Alamans, Clovis se serait trouvé en mauvaise posture. Il aurait alors imploré "Dieu de Clothilde, si tu m'accorde la victoire aujourd'hui, je me convertirai. Bien sûr Clovis a emporté la victoire. La troisième hypothèse avancée est que lorsque Clovis est arrivé en Gaule, il a vaincu Syagriu, le dernier roi romain des Gaules. Il va dès lors administrer le territoire. Or pour cela, il avait besoin d'une entité administrative très importante qu'était l'Eglise, et notamment les évêques. Il aurait donc choisi de devenir Chrétien pour s'assurer du soutien de l'Eglise en Gaule.

Nous avons poursuivi notre découverte des Mérovingiens par un arrêt devant un immense arbre généalogique de ces rois. Simon Lhenri nous a présenté Childéric 3, le dernier roi Mérovingien. Il a arrêté de régner en 751, mais il n'est mort qu'en 755. Il a en fait été destitué par ses successeurs, les Carolingiens. Pour cela, les Carolingiens lui ont coupé les cheveux, symbole du pouvoir.
Cette évocation des cheveux comme symbole du pouvoir nous a amenés à parler de Clothilde, l'épouse de Clovis, considérée comme une sainte par l'Eglise. Pourtant, elle n'avait rien d'une sainte. En effet, à la mort de Clovis, son royaume a été partagé entre ses 4 fils. L'un d'eux est mort en laissant deux enfants en très bas âge. En principe, ces jeunes enfants auraient dû se partager l'héritage de leur père. Cependant, un des 3 frères survivants, Clotaire, a voulu récupérer le territoire de son frère. Il a donc cherché à supprimer ses neveux, confiés à la garde de Clothilde. Or Clothilde a accepté de donner les enfants à Clotaire pour qu'il puisse les tuer, en disant qu'il valait mieux qu'ils soient morts que tondus.

Nous tenons à remercier Simon Lhenri qui, grâce à ses connaissances, nous a permis de découvrir cette période historique méconnue de l'Histoire de France.

Rédigé par Emmanuelle Gousset

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Compte-rendu de la visite descriptive au musée des Beaux-Arts du 15 décembre 2018

La dernière visite descriptive de 2018, proposée par le musée des Beaux-Arts de Caen, avait pour objet la découverte d’une exposition d’art contemporain, intitulée « A des années-lumière ». Cécitix a permis à 8 de ses adhérents d’y participer.

L’exposition nous a été commentée par Marie Leloup, médiatrice culturelle vacataire au musée des Beaux-Arts. Le thème de la lumière était un défi pour nous comme pour elle car il est difficile pour une personne aveugle, surtout avec une cécité précoce, de s’en faire une représentation.

Marie nous a guidés vers cette exposition située au rez-de-jardin du musée. Nous avons fait une première pause dans une salle éclairée par une lumière naturelle projetée par l’atrium du musée, qui se trouvait à notre droite.

Notre conférencière en a profité pour nous présenter le thème de la lumière dans l’art. C’est en premier lieu grâce à elle qu’il a été possible de voir les peintures préhistoriques au fond des grottes et certainement grâce à la lumière du feu qu’il a été possible de les peindre.
Dans l’Egypte antique, la lumière était représentée par l’or. Des masques funéraires en or reliaient les pharaons inhumés dans les pyramides aux astres.
Au Moyen-Âge, les tableaux médiévaux avaient une feuille d’or et les personnages une auréole dorée lorsqu’il s’agissait de leur donner un côté divin.
Ensuite à l’époque de la pré-renaissance, les peintres ont commencé à peindre des paysages, ce qui leur a demandé une réflexion pour représenter la lumière à l’aide des ombres et des contrastes sur leurs toiles.
Plus près de nous, les impressionnistes, grâce à l’évolution technique, se déplaçaient directement sur le site qu’ils voulaient représenter dans leurs tableaux. Ils utilisaient souvent plusieurs couches de peinture, ce qui leur permettait de faire des reflets de lumière dans leurs œuvres.
Depuis plus d’un siècle, la photographie utilise pleinement la lumière et les artistes se sont approprié ce mode d’expression, d’abord en noir et blanc, et plus récemment en couleurs.

Après cette présentation, notre conférencière nous a entraînés devant la première œuvre à décrire. Il s’agit d’un cadre métallique carré avec sur chaque côté trois spots éclairant l’intérieur de ce cadre, ce qui le rend très lumineux. Ce n’est plus de la lumière dans une œuvre, mais c’est la lumière elle-même qui fait l’œuvre. Cette œuvre contemporaine appelée « Philips » a été réalisée par Bertrand Lavier, un artiste parisien qui utilise le ready-made dans ses créations.

La deuxième œuvre exposée se trouvait sous l’atrium, recevant ainsi la lumière naturelle. Marie nous a invités à faire le tour de l’installation afin que nous nous fassions une idée de sa taille. Elle nous a également mis en main différents objets pour nous permettre de nous représenter les matériaux utilisés. Il s’agit d’un grand socle carré au sol sur lequel l’artiste a placé deux énormes cerises et deux grandes tiges vertes qui s’entrecroisent avec des bâtons en métal de couleurs qui rappellent les couleurs du spectre lumineux. Ces tiges sortent des profondeurs du sol et reviennent vers nous puis traversent trois soleils représentés par trois miroirs demi-sphériques dentelés sur la partie arrondie. Cette installation a été réalisée par Delphine Coindet. Cette artiste procède en trois étapes. Dans un premier temps, elle dessine son œuvre par ordinateur en trois dimensions. Puis elle délègue la réalisation de sa sculpture à des fabricants. Une fois la sculpture créée, elle la photographie, ce qui la représente en deux dimensions. L’artiste a nommé son installation "chérie chérie".
Pour nous aider à nous faire une représentation mentale de cette œuvre, Marie a créé, à partir d’une photographie, les contours de la structure avec de l’encre à embosser.

Nous nous sommes ensuite dirigés vers une très grande peinture de Jean Dewasne intitulée « L’Étude pour La Longue Marche », réalisée au pistolet avec de la peinture pour automobile. Notre conférencière nous a fait toucher une feuille plastifiée qui donne la sensation de passer son doigt sur une peinture industrielle. Cette œuvre est faite de couleurs vives et avec des taches géométriques en forme d’escargot.
Cela peut faire penser à du papier peint des années soixante-dix.
Derrière nous se trouvait une œuvre de Bernard Frize, artiste qui travaille avec de la résine mélangée à la peinture, ce qui donne également un toucher très lisse à sa toile.

Un peu plus loin nous nous sommes arrêtés devant le Ludoscope de Paolo Scirpa. Il est Conçu avec un miroir sur chaque paroi et, à l’intérieur du cube, sont placés des néons circulaires aux couleurs électriques. Le plus grand néon est rose, suivi de deux bleu, puis d’un jaune. L’œuvre est comme un puits sans fond lorsque l’on regarde à l’intérieur. Les néons se reflètent et donnent l’illusion que l’œuvre s’étend à l’infini sous nos yeux.

Pour terminer, nous nous sommes dirigés vers une œuvre d’environ 1,50 mètre de haut et 1 mètre de large en inox, un peu brossé, d’où sortent 4 formes, une orange, une rouge, une verte et une bleue laquée qui font penser à des dégoulinures. Ces dernières sortent d’environ 40 centimètres du rectangle, de façon horizontale puis viennent les coulures. Cette œuvre a été réalisée par Bernard Quesniaux et elle s’appelle « paysage de neige en été ».

Nous tenons à remercier chaleureusement Marie pour nous avoir si bien décrit des œuvres aussi lumineuses, ce qui n’est pas forcément évident à réaliser pour un public aveugle.

Rédigé par Nicolas Fortin

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DÉFICIENCE VISUELLE : DES SOLUTIONS POUR FACILITER LE DÉPLACEMENT EN MILIEU EXTÉRIEUR EN AUTONOMIE & EN SÉCURITÉ

Sommaire

  • Introduction
  • Partie 1 : Le chien Guide
  • Partie 2 : La canne blanche électronique
  • Partie 3 : Savoir si le chien guide ou la canne blanche électronique est fait pour moi
  • Partie 4 : La remise d'un chien guide ou d'une canne blanche électronique
  • Partie 5 : Se renseigner

Introduction

Vous souhaitez vous déplacer hors de votre domicile de manière indépendante mais vous rencontrez des difficultés et/ou avez déjà eu des accidents corporels (chutes, chocs…). Le chien guide ou la canne blanche électronique peuvent être une solution que vous soyez en situation de cécité ou de malvoyance.

Le chien guide et la canne blanche électronique : • limitent les risques de chocs liés à la présence d’obstacles fixes et mobiles sur le chemin
- améliorent la fluidité de mouvement
- permettent aux personnes déficientes visuelles de se déplacer sans dépendre d’un aidant pour les trajets réguliers

Spécialistes de la mobilité des personnes en situation de déficience visuelle, les Centres Paul Corteville peuvent vous accompagner dans la concrétisation de votre projet de chien guide ou de canne blanche électronique.

Partie 1 : Le chien guide

Le chien guide suit un apprentissage à l’issu duquel il est capable :
- d’analyser l’environnement dans lequel il se situe
- de transmettre un certain nombre d’informations à la personne déficiente visuelle

Par exemple, le chien guide sait identifier des passages piétons, contourner des obstacles, indiquer les marches montantes et descendantes, s’écarter d’un obstacle situé en hauteur. Il est important de garder en tête que le chien guide agit sous la direction du maître et répond à ses demandes.
Par exemple, un maître chien guide qui souhaite se rendre dans un commerce de proximité sait quelles directions il doit emprunter et où se situent les traversées. C’est lui qui va indiquer au chien guide où il doit tourner et quand traverser.
Il reste responsable et maître de son trajet : il ne se laisse pas guider passivement.

Lorsqu’on envisage de faire équipe avec un chien guide, il est impératif de prendre en compte l’attention qu’il sera nécessaire de lui consacrer pour qu’il demeure un chien en bonne santé, tant sur le plan physique que mental. C’est la condition pour que le plaisir de guider reste intact.

Le chien guide est un partenaire avec lequel un lien fort se tisse et qui apporte une véritable présence dans le quotidien.

Ce qu’il faut savoir …
Toute personne âgées de 17 ans révolus peut faire une demande de chien guide auprès des centres Paul Corteville.
Actuellement la prise en charge dans le cadre d’une demande de chien guide dure 12 mois environ depuis le stage d’accueil jusqu’à la remise.
Les maîtres de chiens guides peuvent bénéficier d’une aide financière de la MDPH pour frais d’alimentation.

Partie 2 : La canne blanche électronique

La canne blanche électronique est un système de détection reposant sur la combinaison de la lumière infrarouge et de la lumière laser. Ces technologies sont insérées à l’intérieur d’un boîtier qui se fixe au niveau de la poignée de la canne blanche. Via un système de vibrations, ce boitier signale les obstacles mais aussi la distance entre les obstacles et l’utilisateur de la canne blanche électronique. La portée de détection est réglable en fonction du type d’environnement (intérieur type centre commercial, ville, campagne).

Avec une canne classique, le travail de détection des obstacles se fait sur la base d’un contact avec l’obstacle et se limite à l’espace sol-genoux.
Avec la canne blanche électronique le travail de détection des obstacles se fait par anticipation plusieurs mètres avant l’obstacle et englobe toute la partie supérieure du corps depuis le genou jusqu’au visage.

La canne blanche électronique présente l’avantage de ne nécessiter aucun soin particulier hormis le fait de prévoir le renouvellement des piles qui alimentent le boîtier.
En cas de dysfonctionnement du boîtier, les Centres Paul Corteville assurent gratuitement la maintenance et fournissent un boitier de remplacement.

Ce qu’il faut savoir …
Toute personne âgée de 14 ans révolus peut faire une demande de canne blanche électronique.
Actuellement, la prise en charge dans le cadre d’une demande de canne blanche électronique dure 8 mois environ depuis le stage d’accueil jusqu’à la remise.

Partie 3 : Savoir si le chien guide ou la canne blanche électronique est fait pour moi

La situation de chaque personne étant singulière, nous vous recevons pour un stage de découverte qui se déroule au sein de nos centres-écoles. Le stage dure 1 à 2 jours et n’engendre pas de frais d’hébergement ou d’alimentation pour vous.
Ce stage ne vous engage pas envers les Centres Paul Corteville, il permet seulement de vérifier que le chien guide ou la canne blanche électronique est un outil qui correspond à vos besoins en matière de déplacement.

Ce stage de découverte est encadré par une équipe composée d’éducateurs de chiens guides, d’instructeurs de locomotion et d’une psychologue. Ces professionnels ont suivi une formation diplômante et sont spécialisés dans l’accompagnement des personnes déficientes visuelles.
Ils pourront donc répondre aux questions qui vous préoccupent.

Lors de ce stage, la situation de chaque personne est étudiée au cas par cas. A la fin du stage d’accueil : • la personne peut choisir de prendre un temps de réflexion et confirmer plus tard son projet de déplacement avec un chien guide ou une canne blanche électronique
• notre équipe doit approuver la demande de chien guide ou de canne blanche électronique.

Ce qu’il faut savoir
Pour faire ce stage d’accueil il faut d’abord :
- S’entretenir avec le responsable technique ou l’instructrice de locomotion spécialiste du déplacement avec la canne blanche électronique
• Compléter un dossier comprenant une partie administrative et une partie médicale avec bilan ORL et ophtalmologique.

Partie 4 : La remise d'un chien guide ou d'une canne blanche électronique

Avant la remise du chien guide ou de la canne blanche électronique, vous devez, sauf exception, suivre des séances de rééducation en locomotion.
Cette rééducation vise à vous permettre d’acquérir des techniques et stratégies de compensation visant à sécuriser le déplacement. A l’issue de la rééducation, le but est que vous soyez capable d’analyser et de comprendre votre environnement pour vous y déplacer.

Il ne s’agit pas uniquement de connaître les rues à emprunter pour se rendre à un endroit mais bien de trouver la meilleure manière de circuler en tenant compte de tout ce qui organise votre environnement sur chaque portion du trajet (sens de la circulation, largeur du trottoir ….)
De cette manière, vous avez une vision globale de votre environnement et êtes capable de trouver dans celui-ci de nouveaux repères en cas de modification de vos trajectoires habituelles (travaux etc…).
Si vous n’avez jamais suivi de cours de locomotion, notre équipe vous aidera à acquérir ou à mettre à jour les réflexes manquants ou adéquats.

Suite à la rééducation, la formation au déplacement avec un chien guide ou une canne blanche électronique (traditionnellement appelée remise) est programmée.
La formation au déplacement avec un chien guide ou une canne blanche électronique est indispensable. En effet, l’introduction d’un outil d’aide au déplacement (ou le changement d’outil si vous passez de la canne blanche au chien guide par exemple) modifie considérablement la manière dont vous allez appréhender vos trajets.

Ce qu’il faut savoir
Les personnes souhaitant s’orienter vers un chien guide ou une canne blanche électronique doivent nécessairement savoir utiliser une canne blanche classique (sauf exception).

Partie 5 : Se renseigner

L’Association des Chiens Guides d’Aveugles gère 2 écoles : l’une basé à Honguemare-Guenouville (à proximité de Rouen) et l’autre à Roncq (à proximité de Lille).
Si vous souhaitez avoir des renseignements complémentaires, vous devez vous adresser au centre-école dont vous dépendez.

Vous dépendez de l’école de Honguemare-Guenouville si vous résidez dans les départements suivants :
Pour la Normandie : Manche - Orne - Calvados - Eure - Seine-Maritime
Pour les Hauts-de-France : Somme - Oise
Téléphone : 02 32 20 74 00

Vous dépendez de l’école de Roncq si vous résidez dans les départements suivants :
Pour la région Hauts-de-France : Pas-de-Calais - Nord - Aisne
Pour la région Grand-Est : Ardennes - Marne – Aube - Haute-Marne
Téléphone : 03 20 68 59 62

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Handicap et justice, l’égalité des droits en question

(MJ France, @cecitroc-infos, transmis par Vincent Hoefman)
Le 28 décembre 2018

Dans le cadre de la semaine de lutte contre les discriminations, l’association Droit pluriel organisait le 11 décembre 2018, à la mairie du 2e arrondissement de Paris, une projection-débat du documentaire « Parents à part entière ! », réalisé par Anne-Sarah Kertudo. Cet événement a réuni plusieurs partenaires, dont le ministère de la Justice.

Handicap et justice, l’égalité des droits en question
Disponible en ligne sur le site de France 5, le film, d’une durée de 26 minutes, a été projeté en version sous-titrée. Il a été salué aussi bien par les intervenants que par les spectateurs, pour la profondeur de son propos et sa valeur artistique. Différents types de situations sont évoquées dans ce documentaire ; celle d’un parent non voyant qui demande à ce que la résidence principale de ses enfants soit fixée chez lui, suscite par exemple une question majeure. Quel va être, dans ce cas, le positionnement du juge aux affaires familiales ?
Le débat qui a suivi la projection était animé par Mathieu Simonet, avocat et écrivain. Intitulé « Être aveugle face à la justice, l’égalité des droits en question » et traduit en langue des signes française (LSF), il a réuni une représentante du ministère de la Justice, une avocate, l’adjoint du Défenseur des droits et un père de famille non-voyant.
Comment les personnes atteintes d’un handicap visuel perçoivent-elles la justice ? Comment la justice s’exerce-t-elle en fonction des différents types de handicap ? Autant de questions qui ont donné lieu à de nombreux témoignages parmi les membres du public.
Soutenue depuis 2016 par le ministère de la Justice, l’association Droit pluriel est signataire de la charte nationale de l’accès au droit. Droit pluriel a mis à disposition des conseils départementaux de l’accès au droit (CDAD) un certain nombre d’outils très utiles : une vidéo en langue des signes sur le CDAD mais aussi une plaquette en label FALC (facile à lire et à comprendre). L’association organise en outre des formations sur site pour les agents d’accueil d’accès au droit et à la justice ; ceci afin de mieux accueillir les personnes en situation de handicap.
Pour en savoir plus :
http://www.droitpluriel.fr

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Compensation du handicap : des mesures… d’ici juin

Franck Seuret
(faire-face, @cecitroc-infos transmis par Vincent Hoefman)

La 5e conférence nationale du handicap se déroulera de décembre 2018 à juin 2019. Elle comprend cinq chantiers, dont un sur l’amélioration de la compensation du handicap.
La compensation vient enfin de trouver place dans l’agenda politique du gouvernement. Le secrétariat d’État chargé des personnes handicapées va lancer des consultations pour « améliorer les conditions d’octroi de la prestation de compensation du handicap (PCH) afin de mieux prendre en compte les besoins des adultes handicapés ». Exemple : « Pouvoir apporter un soutien aux parents en situation de handicap. »

Une conférence sous une forme inédite
Ce sera l’un des « cinq chantiers nationaux » ouverts dans le cadre de la conférence nationale du handicap 2018-2019 (CNH). Le premier comité de pilotage de la 5e édition de cette CNH s’est réuni ce lundi 3 décembre. La conférence se déroulera de décembre 2018 à juin 2019 sous une forme inédite. Elle comprendra, en effet, des visites de ministres sur le terrain, la labellisation de pratiques exemplaires et, donc, la mise en œuvre de ces cinq chantiers.

Améliorer le fonctionnement des MDPH
Un groupe de travail planchera sur la compensation. Un second sur les alternatives au départ de citoyens handicapés en Belgique, faute d’autres solutions. Un troisième groupe réfléchira sur la gouvernance des Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH).

Simplifier les allocations pour les enfants
De plus, une mission fera des propositions pour « simplifier le dispositif d’allocation » pour les enfants en situation de handicap.
Aujourd’hui, deux prestations cohabitent : la PCH et l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH).

Dernier des cinq chantiers : la représentation des personnes handicapées au sein des politiques publiques. Les propositions seront débattues par le Parlement, annonce le secrétariat d’État. Et Emmanuel Macron clôturera la CNH en juin. Il pourrait donc annoncer des mesures lors de ce discours.

Une première occasion manquée
En décembre 2016, Manuels Valls, alors Premier ministre de François Hollande, avait annoncé la création de l’aide à la parentalité dans le cadre de la PCH. Mais aussi la fin de la limite d’âge à 75 ans pour pouvoir demander la prestation de compensation. Ces deux mesures ne sont jamais entrées en vigueur.

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Franck Riester défend sa politique d'accès au livre pour handicapés et dys…

(Actualité.com
Clément Solym - 11.12.2018

L’accessibilité aux livres pour les personnes en situation de handicap fait l’objet de multiples initiatives. Pour autant, déplore la députée Nadia Essayan (Mouvement démocrate — Cher), sur l’ensemble de la production française, les ouvrages adaptés sont encore bien peu nombreux.

Franck Riester lui répond.

La députée avait déjà interpellé Jean-Michel Blanquer, à l’Éducation, sur la disponibilité de manuels scolaires pour les aveugles. Dans son interrogation, elle se demandait si l’école de la République n’en venait pas à opérer une discrimination. Le manque d’offre, en dépit des efforts réels, pose de multiples problèmes pour le secteur scolaire. Mais pas tant, lui avait alors répondu le ministre...

C’est en substance à la même question que celle posée à l’Éducation nationale, que Franck Riester, nouveau locataire de la rue de Valois, s’est mis en devoir de répondre.

Offre et catalogue à revoir

« Comment expliquer aux près de 1 700 000 déficients visuels français que, face à la pénurie d’ouvrages accessibles et au recul du braille, le sujet de l’édition adaptée qui impacte 4 ministères différents n’ait pas été retenu parmi les chantiers prioritaires du comité interministériel du handicap alors qu’il nécessite une volonté politique », relevait en effet la députée. D’ailleurs, le rapport de décembre 2016, porteur de 26 recommandations ne semble pas non plus avoir abouti à des développements majeurs. Ce dernier, intitulé « Les structures ayant une activité d’adaptation des œuvres au bénéfice des personnes en situation de handicap », concernait pourtant bien trois ministères : Santé, Culture et Éducation nationale.

Mais pour Franck Riester, il y a erreur : l’accès au livre et à la lecture « constitue une priorité gouvernementale », qui a fait l’objet d’une réunion début octobre. Et de son côté, son ministère fait des efforts, souligne-t-il.

Livre numérique et habilitations de bibliothèques D’un côté, il évoque le soutien à l’EDRLab, qui, au niveau européen, travaille à la création du format EPUB3, pour les livres numériques. Mais également d’une mesure technique de protection et d’une solution de lecture.
À ce titre, et dans le cadre des 26 recommandations du rapport, Valois « anime, en lien avec l’association BrailleNet, un groupe de travail pour la certification des livres numériques accessibles en format EPUB3, incluant les acteurs du domaine scolaire ». Et surtout, un comité de pilotage interministériel a été mis en place, pour travailler à l’édition nativement accessible.

« Le rôle de ce comité de pilotage sera d’affirmer un consensus autour d’une stratégie commune, de s’accorder sur un calendrier, des objectifs opérationnels et une méthode de travail, puis de réaliser un bilan périodique des actions entreprises et des progrès réalisés », relève le ministre.

Enfin, et toujours, s’inscrivant dans le respect des propositions du rapport, le ministère projette l’ouverture de 300 bibliothèques territoriales ou universitaires, d’ici avril 2020. Ces dernières seront habilitées dans le cadre de l’Exception handicap au droit d’auteur.
Non seulement elles pourront accueillir des publics « souffrant de troubles de la lecture et des apprentissages », mais surtout l’habilitation « permet à tout organisme de communiquer à leurs publics empêchés de lire des fichiers numériques adaptés, déposés et mutualisés sur la plate-forme Platon, gérée par la Bibliothèque nationale de France ».

Marrakech, trois minutes d'arrêt

Pas un mot en revanche sur la tentative du ministère de limiter l’accès au livre pour aveugles et malvoyants, dans le cadre du traité de Marrakech. Ce dernier avait en effet exprimé l’envie d’ajouter des restrictions, qui empêcherait la saine application du traité.

Le ministère de la Culture tente-t-il de limiter l'accès aux livres ?
Un projet de décret transposant la directive 2017/1564 du 13 septembre 2017 correspondant au Traité de Marrakech intégrait l’obligation, pour les organisations et structures concernées par les dispositions du texte, d’être agréé par le ministère. De quoi se demander si l’esprit du Traité avait bien été saisi.
L’association des Bibliothécaires de France avait vivement réagi, réclamant une application « complète et sans limitation ». Et demandait que la disposition disparaisse, corps et bien.

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Navoxi en bref

L’application Navoxi a pour but de permettre à des personnes déficientes visuelles d’être guidées pas à pas dans un environnement fermé et dépourvu de connexion extérieure.

(Exemples : une station de transports en commun, une gare ferroviaire, un bâtiment administratif ou un centre commercial…)

Il est possible de réaliser cela Grâce à des balises de microlocalisation, communément nommées Beacons. En fonction des informations émises par ces balises.
l'application localise le lieu dans lequel se trouve l'utilisateur et lui propose de le guider vocalement vers un point précis situé dans ce lieu.

Pour en savoir plus sur l'application Navoxi suivez ce lien
http://navoxi.ludovicsansone.com/dru/

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Smart Art, l’impression 3D pour une culture de l’inclusion

(3DNatives, @cecitroc-infos transmis par Vincent Hoefman)

Publié le 2 novembre 2018

Smart Art est un consortium français qui réunit plusieurs acteurs de la région Grand Est, plus particulièrement de la Champagne Ardenne. Il a organisé il y a quelques mois une exposition baptisée « L’Essentiel est invisible pour les yeux » pour les déficients visuels; les oeuvres présentées sont en effet tactiles et accompagnées avec une bande sonore pour qu’ils puissent vivre une expérience qui les rapproche de la culture et de l’Art. Certaines de ces oeuvres ont été imprimées en 3D, montrant ainsi le lien entre technologies 3D et handicap. Nous avons rencontré Vincent Marquet, ingénieur au FabLab SmartMaterial de l’Université de Reims Champagne-Ardenne pour en savoir plus sur l’exposition, les technologies utilisées et les résultats obtenus.

3DN : Pouvez-vous vous présenter ainsi que les différents partenaires du projet?
Nous sommes plusieurs partenaires à l’origine de ce projet, son porteur étant l’association Lire Aussi. L’Institut Michel Fandre et le Musée de l’Ardenne à Charleville-Mezières ont sélectionné les œuvres et organisé l’exposition ; le Laboratoire d’Ingénierie et Sciences des Matériaux (LSIM) de l’Université de Reims Champagne-Ardenne a imprimé les œuvres tactiles, l’Université de Technologie de Troyes a réalisé le cahier des charges.
3DN : Comment est né le projet Smart Art?
Depuis plusieurs années, l’IFTS de Charleville-Mézières a collaboré avec l’association Valentin Haüy dans le cadre de projets étudiants dont l’objectif était la modélisation et la réalisation de maquettes tactiles. De leurs côtés, l’UTT et l’association Lire Aussi ont travaillé sur le projet Seeit en faveur du bien-être et du développement de l’autonomie des personnes aveugles et déficientes visuelles. Ces différents organismes, de part leurs compétences, se sont réunis pour répondre à l’appel à projet « Innov’action » lancé par le conseil régional. Ce projet intitulé Smart Art avait comme principale finalité une exposition de maquettes tactiles représentant 13 chefs d’œuvre des musées de CM. L’exposition a été baptisée L’essentiel est invisible pour les yeux et a duré 3 mois.
3DN : Quelles ont été les différentes étapes du projet?
Nous avons tout d’abord modélisé les œuvres avec le logiciel Blender.
Nous avons effectué ce travail avec l’association Valentin Haüy, travail qui nous a pris environ 70 heures. Une fois cette étape réalisée, le LSIM a préparé les fichiers obtenus pour impression ; il a procédé à la découpe des fichiers en utilisant des logiciels de FAO. La prochaine étape était naturellement l’impression 3D puis l’usinage, processus qui nous a pris environ 130 heures. Le post traitement quant à lui a nécessité 40 heures entre l’assemblage, le collage et la peinture.
Modélisation sous Blender
Nous avons utilisé les équipements disponibles au FabLab SmartMaterial de l’Université de Reims Champagne-Ardenne; il possède aujourd’hui des imprimantes 3D FDM comme des Ultimaker, des imprimantes SLA et DLP et une machine CNC et découpe laser. Cela nous a permis d’utiliser plusieurs matériaux comme du PLA, de l’EPOXY et LAB qui est une mousse polyuréthane. En moyenne, nous avons pu créer des tableaux de 600 x 400 x 100 mm.
3DN : Quel est l’objectif principal de cette exposition?
L’un des principaux objectifs de l’exposition était de rendre le visiteur déficient visuel autonome dans la construction de son parcours et de ses choix artistiques. Ainsi, une bande sonore lui permettait de découvrir l’oeuvre, soit par une musique adaptée, soit par une audio description. Il peut choisir entre les deux. Il faut aussi préciser que l’exposition permettait aux voyants de se mettre en situation de mal voyance afin que cette présentation réponde aux objectifs d’inclusion sociale qu’elle s’était fixée, ceci au travers de 2 expériences de visiteurs croisés.
3DN : Que peut-on y découvrir ?
On a réalisé plusieurs tableaux tactiles mais aussi des bustes – vous pouvez par exemple toucher la tête de Rimbaud blessé à Bruxelles en 1873 mais aussi plonger votre main dans le pot de la Teilleuse de chanvre immortalisée par Eugène Damas au XIXème siècle. Concernant les tableaux, on a repris des chefs d’œuvres de Picasso ou Sisley.
3DN : Selon vous, en quoi l’impression 3D peut-elle aider à accéder à l’Art et la culture?
Pour la première fois, l’impression offre une dimension supplémentaire à la réalisation d’une maquette tactile en permettant de sortir les personnages de l’arrière plan, offrant ainsi une meilleure compréhension de l’oeuvre. La diversité des matériaux et le type de technologie d’impression 3D concourent à définir des textures et des détails encore plus poussés augmentant le ressenti et l’émotion du visiteur. Cependant, le tableau tactile n’est pas une fin en soi. Les verrous techniques que l’impression 3D à permis de lever ne sont là que pour offrir un outil innovant à une découverte sensible de l’œuvre d’art.

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A Strasbourg, le premier circuit touristique spécial handicap

(DNA, @cecitroc-infos transmis par Vincent Hoefman)

Avec l'application mobile "Mon Stras Tour", les personnes à mobilité réduite ou avec un handicap visuel peuvent désormais visiter les principaux monuments de la Grande Ile de Strasbourg sur un parcours de 2,6km, accessible en fauteuil et avec un système d'audio-guidage et d'audiodescription.
Le parcours touristique est accessible sur l'application mobile "Mon Stras Tour", disponible pour smartphones Androïd.

L'association Yvoir a présenté ce mardi après-midi devant l'Office de tourisme de Strasbourg la nouvelle application qui permet de visiter la Grande Ile sur une boucle de 2,6km, même si on est en fauteuil ou qu'on ne voit pas. "Moi, j'aime bien découvrir par moi-même. Ma revendication, ça a toujours été l'autonomie", explique Gérard Muller, Strasbourgeois aveugle, qui préside l'association à l'initiative du parcours.
Au départ de la place de la cathédrale, le parcours se fait par audio-guidage, ce qui existait déjà, mais aussi par audiodescription, ce qui était encore inédit dans l'espace public. "Un bond qualitatif extraordinaire", se réjouit Marie-Dominique Dreyssé, adjointe au maire en charge des solidarités.
L'application n'est pour l'instant utilisable que sur Androïd et avec un modèle à partir du S5. Gérard Muller rappelle qu'il y a 60000 aveugles en France et 2 millions de personnes malvoyantes, notamment des personnes âgées touchées par la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA).
"C'est une très belle initiative. A nous de la soutenir", estime Paul Meyer, adjoint au maire de Strasbourg en charge du tourisme, qui affirme avoir réservé 20000€ d'investissement pour 2019 afin de faire encore avancer la cause du tourisme et du handicap. L'application devrait d'ailleurs profiter au moins autant aux touristes qu'aux Strasbourgeois, qui forment 90% des participants aux visites guidées de l'Office du tourisme.
L'initiative de circuit touristique spécial handicap constitue "une première pour notre territoire", se félicite Marie-Dominique Dreyssé, et sans doute une première plus large, puisque Grenoble et Toulouse ont déjà contacté l'association pour lancer le leur. Télécharger l'application : sur cette page we
https://www.asso-yvoir.com/

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