Une petite chronique autour d'un repas et d'une soirée-concert dans le noir.

Cela se passé à la ferme-théâtre de Varembert, à Esquay sur Seulle (entre Creully et Bayeux).
Attention, ce n'est pas du tourisme au pays des aveugles. Il s'agit de s'aider du noir pour développer une autre vision, d'éveiller l'ouïe, l'odorat, le toucher mais aussi tous les autres sens et les instincts compensateurs que l'on peut libérer lorsqu'ils ne sont pas dominés ni remplacés par la vue.
C'est quand même une sensibilisation au handicap visuel. et rien d'étonnant à ce qu'une conteuse aveugle ait participé à cette soirée, ainsi que deux aveugles bénévoles parmi les autres, en salle et en cfuisine ; une association caennaise, bien familiarisée avec l'aide aux déplacements à savoir une école de chiens-guides, « A vue de truffe » participait à l'organisation de cet atelier d'Elsa. Un de ses membres, Stephane, assurait la mise en confiance nécessaire.

Je rapporte ici, en vrac, quelques remarques, quelques questions Si le noir repose la rétine ou permet une certaine décontraction il est aussi fatigant, il demande de la concentration, et pose des questions inhabituelles. Déjà, un noir total c'est inhabituel : pas de lune ni réverbère, pas de ray de lumière sous une porte ni clignotants, ni veilleuse, ni voyants lumineux ni radio réveil... les premières sensations sont diverses : manque de repérage et de renseignements, sentiment de solitude.Ou encore l'impression d'un plafond bas sur la tête...
Comment attirer l'attention du voisin ou des autres auxquels je voudrais m'adresser.
Une question inhabituelle se pose : ouvrir ou fermer les yeux : pour certains, si je les ouvre, le noir est moins noir, pour d'autres les fermer ets tout simplement normal puisqu'on y voit rien.

Qui voudra servir les verres ? les assiettes, elles, étaient garnies.
Etudions ce qui arrive dans l'assiette, Est-ce que je me pose des questions sur le décor ou la couleur ? OU plutôt sur le contact et la reconnaissance des saveurs ? que vais-jje utiliser spontanément ? les doigts, la fourchette ou la cuillère ? Est-ce que je m'aventure avec les mains sur la table pour « voir » ce qu'il y a, ou autour de la table pour chercher quelqu'un ?
Bref, c'est un déplacement qui laisse des souvenirs tout intérieurs et la découverte de ses capacités d'adaptation.

Prochain dîner dans le noir d'Elsa, dernier samedi de mars, à la ferme théâtre de Varembert.

Chronique diffusée sur les ondes de RCF Calvados le mercredi 3 décembre 2008
Radio RCF

Rédigé par Caroline Beaujour, le 15 novembre 2008.

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