Profession fantôme A partir d'un conte de Anne Rivière.

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de jeunes aveugles désarment des fantômes, professionnels des ruines...

Zénobie est très contente, c'est aujourd'hui porte ouverte et c'est pour elle une distraction dans sa vie monotone de petit fantôme qui n'a presque jamais le droit de quitter les souterrains. Les fantômes ont pour activité de hanter les bâtiments en ruine pour empêcher les humains de les réparer. Il y a une urgence au château de la Bretonnière. Il est en travaux et déjà presque reconstruit. Il faut se dépêcher et empêcher que sa dernière tour ne soit restaurée.
Zénobie et ses parents effectuent une remontée dans un tunnel vers le monde des humains. Là, ils se rendent invisibles et ils parlent avec leur voix spectrale que les humains n'entendent pas. Les parents se mettent au travail. Invisibles, ils courent partout, jettent les outils dans tous les sens, renversent les bacs de ciment. Les ouvriers s'enfuient. C'est l'affolement général.
De son côté, Zénobie n'est pas habituée à cette clarté terrifiante et se réfugie à l'intérieur du château. Au détour d'un couloir, elle croise une fille qui marche le long d'un mur...
« Bonjour ! »
Zénobie est stupéfaite, comment peut-elle la voir, alors qu'elle est invisible ?
« Qui es-tu ?
- Je m'appelle Zénobie
- moi, Elisa
- Comment peux-tu me voir ?
Je sens ta présence, elle est si légère que j'en déduis que tu es une enfant. Et puis tu sens un peu le moisi.
- Merci, dit Zénobie pour qui c'est un compliment.
- que fais-tu au château ?
- J'accompagne mes parents. Et toi ?
- J'habite ici avec mes parents. Ils transforment le château en école pour enfants aveugles.
Tu veux que je te fasse visiter ?
Elisa emmène Zénobie dans une superbe bibliothèque où des enfants lisent avec leurs doigts des livres en braille, d'autres travaillent sur des ordinateurs qui parlent au moyen de synthèses vocales.
Zénobie comprend qu'Elisa n'avait pas peur d'elle car ses yeux ne voient pas. Les autres enfants non plus n'avaient pas peur. Alors Zénobie se dit qu'elle doit expliquer à Elisa qui elle est. Les parents de Zénobie arrivent alors, mécontents. Ils grondent leur fille :
« Tu as désobéi. Tu as parlé alors que nous ne devons pas communiquer parce que nous devons faire peur !
- Mais, Papa,nous ne pourrons pas exécuter ces ordres. Les habitants de ce château n'ont pas peur des fantômes. Allons dans la bibliothèque !
Là, ils se rendent visibles. Personne ne réagit. Et même, les enfants saluent poliment.
Les parents de Zénobie se mettent à courir dans tous les sens et à faire des gestes et des cris pour effrayer :
« Ouh ouh ouh hou hou, hou ouh hou hou hou, hou ouh hou hou ...
- « Que se passe-t-il ? ça sent le moisiQue se passe-t-il ? ça sent le moisi ! »
- C'est tout ce qu'ils ont dit, les enfants aveugles, et ils n'ont même pas eu peur.
- Pllutôt sympathique cette école et ses habitants. Mes parents et moi sommes repartis dans notre gratte –sol de 40 étages et nous ne reviendrons plus jamais déranger l'école de la Bretonnière.

Chronique diffusée sur les ondes de RCF Calvados le mercredi 6 janvier 2010
Radio RCF

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