Compte-rendu de la visite à BAZARNAOM, le mercredi 2 décembre 2015

Le mercredi 2 décembre, Madame Cendres Delort proposait aux personnes aveugles et malvoyantes de découvrir les ouvrages AZERTYUIOP, Collection en cours de production. Un moment singulier de rencontres et d’échanges au BAZARNAOM, rue des Rosiers à Caen.

- Le Bazarnaom est une association culturelle, dont l’objectif est de gérer un lieu mutualisé dédié aux arts vivants, dans une démarche collective et coopérative. De septembre à juin, le collectif Bazarnaom accueille des équipes en résidence, venues pour des sessions de travail sur leur projet artistique : création, répétition, reprise de rôle, photos, lecture, musique, vidéo, recherche, lumière…

L’accueil et la visite furent très sympathiques. Au rez-de-chaussée du 65 rue des Rosiers, on nous a retracé brièvement l'histoire de ces bâtiments : d'abord la SEITA (Tabac et allumettes) avec utilisation du train qui passait par là, Puis les papeteries Hamelin.

L'association BAZARNAOM se situe au deuxième étage, au bout d’un escalier haut et raide. On peut entendre que les plafonds sont très hauts. Dans la première grande pièce où les artistes se réunissent, Julot nous a présenté les différentes activités. Celles-ci tournent autour du théâtre, avec la fabrication de décors et costumes, de la musique, avec les groupes L'Oreille Arrachée, Les Brett Sinclair & Ultrabutane 12.14, des arts plastiques, etc. Sans oublier l'activité radio qui émet sur 92.3 à Caen ou via internet, "radio Bazarnaom, le bonheur au maximum !".

Les trois très belles voix masculines du groupe Brett Sinclair nous ont donné l'aubade à 3 moments différents de la visite : un titre en Anglais, façon "The Platters", un autre en espagnol, reprise de "da me un beso", avec humour, et enfin un titre en français, hommage sans doute à l'escalier qui monte chez eux, "quand je monte, je monte je monte chez toi" qui finit sur une envolée !

Des accompagnateurs ou accompagnatrices avaient été prévus pour ceux qui, comme moi, arrivaient tous seuls. Je tenais le coude d'Annaïk, costumière.

Enfin, le clou de la visite, au bout d'un long couloir l'atelier de Cendres Delort. Son collaborateur, qui d’ordinaire travaille le cuir, nous a montré la fabrication des fils tressés et dorés, cordelettes et pompons dont sont brodés et ornés les djellabas et kaftans. Si j'ai bien compris le kaftan est plus un habit de fête.

Ce monsieur a raconté beaucoup de choses. Dans l'atelier, une bonne odeur de tissu ou carton, des machines à coudre, et une exposition de coussins finis ou en cours de fabrication.

Les coussins sont en bons vieux draps de coton et lin blancs de grand-mère, des draps qui ont inspiré à la créatrice des mots et des phrases, reflétant l'humeur dans lesquels on se couche, confiant, nostalgique ou douloureux. Donc ces coussins, petits, moyens, grands, tous dodus étaient brodés à la main, de mots ou phrases en braille. Ah, j'oubliais de dire que nous nous sommes bien lavés les mains avant d'aller déchiffrer ce braille brodé au fil blanc. Ce braille respecte totalement la disposition et l’espacement entre les points, il n'est donc pas fantaisiste et très lisible. Imaginez donc le travail préparatoire pour faire le dessin des points braille que l'on enverra pour broderie au Maroc. Il y a eu d'autres explications que je n'ai pas entendues. On nous a fait ainsi "déchiffrer" un bon nombre de coussins, un mot, une phrase et même une petite énigme l'un des coussins présentait la broderie braille à l'envers, où l'on peut admirer que l'envers est soigné et joli.

La créatrice a pensé à tout : pour "lire" le coussin, il faut le tenir avec le petit pompon-galon doré sur le coin inférieur gauche.

Il y avait également, en cours de fabrication, toujours en drap de coton ou lin, des cylindres, ou rouleaux de prières, prières personnelles fut-il précisé.

Ce récit de visite est sûrement très incomplet car, encore une fois, il y avait plusieurs points de déchiffrage et conversation.

Vraiment c'est un beau travail, c'est touchant cet intérêt porté à cette écriture, écriture que l'on peut lire dans le noir, tiens, sur des draps ça s'imposait !

Rédigé par Caroline Beaujour, le 19 décembre 2015.

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