Dentelles. Quand la mode ne tient qu'à un fil »

Le mercredi 17 octobre, plusieurs membres de notre association ont participé à une visite organisée par le musée de Normandie et les Auxiliaires des Aveugles consacrée à l'exposition intitulée « Dentelles : quand la mode ne tient qu'à un fil ».

Nous avons été accueillis par Claude Groud, notre conférencière tout au long de cette exposition. Elle nous a proposé de diviser la visite en deux parties : la première consacrée aux costumes de la Normandie d'autrefois, et la seconde à l'exposition sur la dentelle proprement dite.

Nous nous sommes rendus dans une salle du musée pour découvrir comment nos ancêtres se vêtaient. En entrant dans la pièce, Claude nous a décrit son décor en commençant par le mur face à nous. Sur la gauche de celui-ci, sont exposés des costumes de la paysannerie appelés des blaudes : ce sont des blouses que les hommes portaient pour aller travailler aux champs.
Sur ce mur se trouve également un costume de ville (chemise blanche, pantalon noir avec un gilet), une robe de dame avec une cape et au centre des chemises de soie et de dentelle. Sur la droite sont disposés trois petits mannequins portant un costume de garçon, de fille et de femme.
Derrière nous, dans une vitrine, sont exposés des outils du monde agricole, habits de paysans, pantalons, casquettes et sabots. Sur la gauche trône une belle armoire normande pleine de reliefs sculptés sur ses panneaux de bois.

Ensuite, Claude nous présente des échantillons de textile qu'elle tente de nous faire deviner par le toucher. Le premier échantillonnage est composé de quatre morceaux de tissu très utilisés à cette époque : coton, soie, lin et laine. Le second échantillonnage comprend des tissus plus complexes puisqu'il s'agit de moiré de couleur orange (avec des reflets rouge lumineux qui le font apparaître brillant), de la broderie représentant des fleurs, de l'indienne (tissu imprimé), du velours et du droguet (mélange de laine avec du coton ou du lin). Ce dernier textile de qualité plutôt grossière fut beaucoup utilisé en tissage serré pour se protéger du froid et pour imperméabiliser les vêtements de cette époque.
Pour mieux se rendre compte de la texture de ce tissu, nous avons touché un tablier plissé et une jupe rugueuse en droguet disposés sur un mannequin.

Nous avons également pu toucher les dessins que l'on trouve sur les textiles appelés indienne à l'aide de tampons en relief servant à l'impression.

Claude Groud nous a expliqué les différents vêtements utilisés à cette époque, ceux de tous les jours ainsi que les habits du dimanche et des jours de fête. Ces derniers étaient plus travaillés. Par exemple, les blaudes des hommes possédaient des broderies sur les épaules. Par ailleurs, nos ancêtres ne sortaient pas tête nue : ils possédaient différents couvre-chefs. Pour les hommes, il s'agissait de bonnets, casquettes et chapeaux, et pour les femmes de coiffes et petits bonnets. Nous avons pu toucher une de ces coiffes. On remarque également que les vêtements de l'époque étaient plus sombres. La raison première était le prix de la teinture. En outre ces couleurs sombres étaient beaucoup moins salissantes ; et enfin, le deuil qui durait plusieurs années nécessitait également le port de vêtements sombres.

Notre conférencière nous a fait admirer la belle armoire normande exposée dans cette salle.
Elle s'ouvre sur une de ses moitiés, faisant apparaître un trousseau de linge de maison ainsi qu'un petit coffre. Ses portes sont sculptées en haut et en bas, de palmiers, de fruits et de fleurs avec un panier au centre de chaque panneau. Les côtés sont également sculptés ainsi qu'un bandeau en haut de l'armoire et le tout est coiffé d'une corniche sculptée de motifs géométriques.
Cette armoire garnie était la dot que les jeunes filles apportaient pour leur mariage et bien souvent elles étaient exposées aux regards des villageois pour étaler la richesse de la famille aux yeux de tous.

Nous avons terminé l'exploration de cette salle en allant toucher un lit à baldaquin ainsi qu'un métier à tisser, ce qui nous rapproche de la seconde partie de cette visite : l'exposition sur la dentelle.

Nous voici donc partis vers la salle des remparts pour faire connaissance avec cet art malheureusement presque disparu qu'est la dentelle, exécutée au fuseau ou à l'aiguille, par les mains agiles de nos dentellières et aussi celle plus industrielle exécutée par des métiers mécaniques conçus à cet effet.

Une fois installés dans cette salle, Claude nous explique que des ateliers de dentelle se sont développés depuis quelques siècles dans les grandes villes de notre région (Alençon, Caen, Bayeux et Argentan). Autrefois, des femmes réalisaient, après leur journée de travail, quelques ouvrages de dentelle pour les mariages et les jours de fête. Elles travaillaient pour des fournisseurs qui leur imposaient les motifs et les fournitures.

Ensuite notre conférencière nous fait circuler des échantillons de dentelle. Nous découvrons tout d'abord la Chantilly, dentelle noire et très aérée. Elle était souvent utilisée sur les cols, les manches et parfois en voilettes sur le visage. Nous avons ensuite touché un échantillon de Blonde, une dentelle très fine de fils de soie, de couleur crème, un peu brillante.
A l'aide d'une maquette, Claude nous explique comment on ruchait des bandes pour faire des vaguelettes. Il s'agissait de passer l'étoffe au-dessus puis au-dessous de brins de paille, puis de l'amidonner et de la repasser. Cette bande plissée était utilisée dans la bonneterie en dentelle pour encadrer le visage. La bonnette de Bayeux est un parfait exemple de ce procédé.

Nous avons pu également toucher la maquette d'un coussin de la dentellière, ses fuseaux et ses petits clous avec lesquels on tisse le fil.

La dentelle participe durant quelques siècles au folklore de la Normandie puis elle est reprise au début du vingtième siècle par les grands couturiers notamment Christian Dior, Emmanuel Ungaro, Christian Lacroix et Thierry Mugler.

De nos jours, il reste encore quelques ateliers où la dentelle est confectionnée manuellement dans des conservatoires tels que « le Point d'Alençon », qui produit « la reine des dentelles et la dentelle des reines » par ailleurs classé au patrimoine immatériel de l'humanité.

Pour conclure, nous remercions Claude Groud pour cette visite très intéressante qui nous a permis de mieux connaître cet art merveilleux de la dentelle, de sa confection à son usage.
Nous avons également pu (re)découvrir les costumes traditionnels de notre région et faire connaissance avec des tissus qui ne sont plus portés de nos jours.
Nous remercions également l'association Les Auxiliaires des Aveugles qui a organisé pour nous cette visite.
Les personnes souhaitant approfondir l'histoire de la dentelle peuvent se rendre sur le site Internet du musée de Normandie en cliquant sur le lien suivant :
http://www.dentelles.caen.fr/node/1

Rédigé par Nicolas Fortin, le 23 octobre 2012.

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