Compte-rendu de la visite descriptive au musée des Beaux-Arts de Caen du 27 février 2016

Cette nouvelle visite descriptive, organisée le samedi 27 février par le musée des Beaux-Arts de Caen, avait pour thème la musique. En préambule, Claude Lebigre, notre conférencière, nous a expliqué que la représentation de la musique a commencé très tôt puisque l’on trouve sur des vases antiques grecs ou égyptiens des personnages musiciens ou des instruments. Avec la peinture religieuse chrétienne, ce sont surtout des anges musiciens qui sont représentés. Mais les tableaux du musée de Caen sont de petites toiles, baroques, très chargées et difficiles à représenter en relief. Aussi Claude a-t-elle préféré nous décrire une œuvre mythologique : le duel musical d’Apollon et Marsyas de Novelli. Pietro Antonio Novelli (1608 – 1647) est un peintre sicilien, essentiellement connu pour ses peintures religieuses.

Le tableau représente le duel entre Apollon et Marsyas. Ce dernier est un silène, divinité de la nature, très animale, au physique souvent très désavantagé. Apollon, qui compte parmi ses attributs la lyre, long instrument à cordes, et qui est entouré des muses, est par nature un dieu musicien. Et en cette qualité, il se refuse à être comparé à quiconque.

Selon la mythologie grecque, Athéna inventa un jour une flute magique. Dès qu’on la posait sur ses lèvres, le son qui en sortait était absolument divin. Athéna était si fière de cette invention qu’elle se proposa d’en jouer au banquet des dieux. Mais là, étrangement, la moitié des convives l’écouta bouche bée tandis que l’autre se moqua d’elle. Athéna sortit alors du banquet et se regarda dans une glace. En effet, lorsqu’elle jouait de la flute, son visage était déformé par le mouvement des lèvres. La déesse, fâchée, jeta la flute qui dévala le mont Olympe jusqu’au bosquet où reposait Marsyas. Le silène, tout content, ramassa l’instrument et le posa à ses lèvres. Le son qui en sortit était si suave et si beau que bientôt dans toute la contrée, on entendit un murmure : « Marsyas joue divinement ». Le bruit enfla jusqu’à devenir un coup de tonnerre qui claqua à l’oreille d’Apollon. Furieux, le dieu descendit sur terre pour menacer Marsyas. Il lui proposa finalement un duel musical, avec un jury. Parmi les jurés, se trouvaient des muses mais aussi Midas, connu pour ne pas savoir retenir sa langue et dire tout ce qu’il pense. Lorsque Marsyas joua, Midas s’exclama : « Oh ! Il joue divinement ». Apollon colla alors à Midas des oreilles d’âne pour qu’il entende mieux. Puis le duel se poursuivit, chacun des musiciens devant à présent jouer mais aussi chanter. Or Marsyas en était bien incapable puisqu’il jouait de la flute. C’est donc bien sûr Apollon qui l’emporta avec son violon. Le malheureux Marsyas fut dès lors puni, dépecé vif. Mais comme souvent dans la mythologie, Marsyas se métamorphosa et devint un fleuve.

C’est cette histoire que raconte le tableau qui nous est décrit. On y retrouve Apollon, sur la droite, reconnaissable à sa couronne de lauriers, un violon dans les bras. Marsyas est assis sur la gauche, la flûte levée vers le ciel. Il est petit et tout en muscles. Apollon, lui, est debout, dans la lumière. Celle-ci semble venir du bas du tableau, sur la gauche, suivant la diagonale le long du dos et du bras de Marsyas et dirigée sur le buste d’Apollon. Derrière eux, on aperçoit les muses et Midas.

Claude nous a ensuite expliqué comment ce tableau a été attribué au musée des Beaux-Arts de Caen. En 1800, la ville de Caen est désignée, parmi les 15 plus grandes villes de France, pour recevoir quelques chefs-d’œuvre des anciennes collections royales confisquées pendant la Révolution, et du butin des guerres napoléoniennes provenant d’Italie, de Belgique, et de Hollande. Puis, en 1811, un nouveau dépôt de 35 tableaux originaires d’Autriche et d’Allemagne, acquis en vertu du traité de Tilsit, est octroyé à Caen par le directeur du musée Napoléon, Vivant Denon. C’est à l’occasion de ce second dépôt que le duel musical, provenant de Vienne, a été remis au musée. Il est en assez mauvais état bien qu’il ait sans doute fait l’objet d’une restauration au 19e siècle. Il est aujourd’hui très verni et craquelé.

Pour terminer, Claude nous a expliqué pour quelle raison Apollon est représenté avec une couronne de lauriers. Le plus beau des dieux suscite quelques jalousies, et notamment de la part de Cupidon. Celui-ci envoie dans le cœur d’Apollon une flèche d’or au moment où passe la nymphe Daphné. Mais au même moment, il envoie dans le cœur de Daphné une flèche de plomb. Apollon poursuit alors Daphné qui le fuit. Mais Apollon est un dieu et la rattrape. Daphné crie et appelle à l’aide à son père, qui est un fleuve. Son père la transforme alors en laurier au moment où Apollon va la prendre dans ses bras. Ce dernier n’a d’autre choix que de se faire une couronne de sa si aimée Daphné qu’il ne possèdera jamais. Le laurier Daphné est une espèce de laurier rose très toxique qui fait de belles fleurs et qui sent très bon.

C’est sur ce récit que s’est terminée la description du duel musical d’Apollon et Marsyas de Novelli. Un grand merci à Claude et rendez-vous le 7 mai pour une prochaine découverte.

Rédigé par Emmanuelle Gousset, le 2 mars 2016.

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